La littérature japonaise est un monde, à la fois dense et hétérogène. Sélection (forcément) lacunaire et subjective, pour s’initier en quelques titres avant de séjourner au Japon.
Un grand classique, pour commencer : Je suis un chat (Gallimard), de Sôseki Natsume (1867-1916) est une satire sur la société malade de l’ère Meiji, à travers les yeux d’un chat, celui d’un professeur d’anglais désabusé chez qui défilent toutes sortes d’intellectuels se questionnant sur le sens de la vie. Un chef d’œuvre d’humour.
S’il figure parmi les écrivains japonais les mieux traduits, on ne soupçonne pas l’ampleur de l’œuvre de Yasunari Kawabata, premier prix Nobel japonais (en 1968), et auteur de 439 titres de fiction ! Une œuvre qu’on peut aborder par Première neige sur le Mont Fuji (Albin Michel) : six nouvelles écrites entre 1952 et 1960, qui disent la complexité des sentiments humains.
L’oeuvre de Kôbô Abé (1924-1993), entièrement dominée par le fantastique et par le thème de la métamorphose, mêle anticipation et critique sociale. Dans La femme des sables (Stock), un entomologiste parti à la recherche d’insectes des sables se retrouve prisonnier des dunes.
Journaliste, Yasushi Inoué, n’est entré à littérature qu’après 40 ans. Il laisse pourtant une oeuvre prolifique - une cinquantaine de romans, deux-cent nouvelles, récits intimistes au cours desquels il distille son obsession pour les histoires de famille et les amours illégitimes. Il déploie dès ses débuts, avec Le fusil de chasse (Stock) une écriture virtuose : au lendemain du suicide de sa maîtresse, un homme reçoit trois lettres : la première de la fille de sa maîtresse, la deuxième de son épouse, la dernière est une lettre posthume écrite par son amante peu avant d'avaler le poison.
Kenzaburo Oé, enfant terrible des lettres japonaises – Prix Nobel 1994 – exprime au long de son oeuvre le mal de vivre d’une génération perdue, marquée par le souvenir de la guerre. Dans Notes de Hiroshima, il livre les témoignages poignants de hibakusha. Il est depuis Fukushima le principal porte-parole du mouvement sayonara genpatsu, « adieu le nucléaire ».
5 LIVRES A EMPORTER
Ni guides, ni ouvrages pratiques, une sélection de livres à glisser dans vos bagages, autant de sésames pour aborder la gastronomie, la poésie, les contes et les légendes, les villes et les campagnes et vivre de plein fouet son circuit au Japon.
Chronique japonaise, Nicolas Bouvier, Payot
Le Japon fut le pays de prédilection de l’auteur de l’Usage du monde – un pays dont la fréquentation assidue et éblouie le mène à un véritable réapprentissage de lui-même, confronté aux mille visages d’une culture dont codes et les rituels le fascinent, en même temps qu’ils le déconcertent. Avec son écriture toujours ciselée, qui, en quelques mots, dessine un paysage, une rencontre, une atmosphère, Nicolas Bouvier nous donne à voir son Japon. On le suit avec délices.
Le gourmet solitaire, Jiro Taniguchi, Casterman
Ceci n’est pas un guide – mais un manga qui peut s’avérer utile en voyage. Taniguchi nous emmène en balade à la suite d’un homme gourmand et gourmet, au gré de ses déplacements professionnels. Un sushi-bar à Kichijôji, un sandwich au porc pané à Akihabara, un bol d’anguilles grillées à Akabané : un bonheur de lecture qui renseigne à la fois sur la société et sur la gastronomie japonaises.
Petit manuel pour écrire des haïkus, Philippe Costa, P. Picquier
Boite à outil littéraire pour bricoler ce petit poème de 17 syllabes, ce manuel répertorie les procédés stylistiques nécessaires pour devenir haikiste. Pour s’essayer à la pratique face à un paysage de cerisiers en fleurs.
Dictionnaire insolite du Japon, Liza Maronese, Cosmopole
On est fan des dictionnaires insolites, où s’invitent des spécialistes qui ne se prennent pas au sérieux, et nous offrent des infos fiables sur un mode ludique. Liza Maronese, en parallèle à ses études de Japonais à Langues ‘O, a enseigné le français à Osaka ; elle nous offre de précieuses clés de lecture du Japon quotidien.
Portraits de Kyoto, Raphaëlle Brillaud, Hikari Editions
Aborder Kyôto en partageant le quotidien de ses habitants, c’est ce à quoi nous invite Raphaëlle Brillaud, qui dévoile les milles facettes d’une ville où elle s’est installée, à travers les portraits d’une dizaine de personnes, qui nous dévoilent leur Kyoto.
Retrouvez tous nos livres, cartes, guides à consulter dans notre librairie de voyage