De bonnes raisons de partir en Autriche
Originalité.
Les Alpes couvrent les deux-tiers du territoire autrichien, seuls les Haute et Basse-Autriche et le Burgenland échappent en partie à l’altitude. De là ces images de pics enneigés, de forêts de sapins, de pistes de ski, de clochers à bulbe piqués sur des hauteurs, ces yodles et ces clarines dont nous nous servons pour dépeindre, de façon assez juste en définitive, le pays. Et un voyage en Autriche nous confirme d’ailleurs dans cette représentation, y ajoutant la vivacité de l’air et des couleurs et l’ampleur des paysages à l’échelle 1. A cela, nous ajoutons une bande son : Mozart en tête, né à Salzbourg (ce qui, ajouté à son charme baroque, valut à la ville de devenir le siège d’un festival d’art lyrique célèbre, le Salzburger Festspiele), mais aussi Joseph Haydn, Johann Strauss fils (le compositeur de An der schönen blauen Donau, le Beau Danube bleu), Anton Bruckner ou Arnold Schönberg ; après lesquels vient encore Hubert von Goisern, figure de proue de l’Alpine Rock. Nous aimons Stefan Zweig et Gustav Klimt, Romy Schneider et même Arnold Schwarzenegger ! Mais l’Autriche est aussi un pays secret et étonnant, conservateur sans doute, travaillé pourtant par tous les courants de la modernité, où l’on porte le dirndl et où l’on pratique le naturisme, ou l’on parle un allemand que les Allemands ne comprennent pas, où le vin est meilleur que la bière et dont la cuisine vaut beaucoup mieux que la caricature que l’on en donne. Les villes autrichiennes, Vienne, Graz, Linz, Salzbourg, Innsbruck, marquent dans leurs monuments et dans leurs parcs, par leurs théâtres et leurs cafés, leurs églises rococo et leurs immeubles Biedermeier un art de vivre à la fois confortable et raffiné, qui a le charme aimable et l’atmosphère indéfectiblement romantique de la Mitteleuropa.
Pour qui ?
Pour tous ceux qui se laissent ensorceler par la montagne, en hiver, au printemps, en été, en automne, skis ou chaussures de randonnée aux pieds. Pour tous ceux qui ne savent pas encore combien la montagne est ensorcelante. Pour ceux qui partent à deux, en quête de paysages et d’atmosphères qui répondent à ce qu’ils ont au cœur. Pour les amateurs de vin blanc, de viande pannée et de gâteaux crémeux. Et Vienne est pour les mélomanes (vraiment l’une des villes les plus musicales du monde) ; pour les névrosés, à la poursuite du docteur Freud ; pour les amateurs d’art et de céroplastie (exceptionnelle collection de cires anatomiques au Muzeum für Geschichte der Medizin) ; pour les anciens (la crypte des Capucins) et les modernes (l’Österreichische Postsparkasse d’Otto Wagner) ; pour les impériaux (la Hofburg) et pour les révolutionnaires (le Karl Marx Hof) ou pour les anarco-écologistes (la Hundertwassehaus). Pour les Européens dans l’âme.
Meilleures formules ?
Un week-end à Salzbourg à l’occasion du festival, où à Vienne autour du concert du nouvel an (Neujahrskonzert der Wiener Philharmoniker), sont des moments d’exception. La capitale est charmante au printemps ou à l’automne et invite à combiner pendant trois ou quatre jours visites de musée et promenades quasi champêtres sur les bords du Danube, musique bien sûr et vie de café. Une semaine dans le Tyrol, l’été, ce sont des fleurs par brassées, des balades en famille et de l’air pur en veux-tu en voilà.
Un moment unique
Par une belle journée, une promenade autour du Hallstättersee, au pied du massif du Dachstein dans le Salzkammergut. La montagne, l’eau et le reflet de l’une dans l’autre. Idyllique et paisible. A Hallstatt, au sud-ouest du lac, un important site archéologique de l’âge du fer inscrit l’histoire humaine dans la souveraineté de la nature.
Un choc ? Pousser la porte de l’église abbatiale du monastère cistercien de Stams, à l’ouest d’Innsbruck. Le vertige baroque est une sensation physique.
GRAZ
La capitale du Steiermark (la Styrie) est une ville ancienne et une ville universitaire importante. C’est aussi une ville verte. Elle réunit en somme le charme des vieilles pierres et celui de la jeunesse. Et celui des jardins. Dominée par le Schlossberg, au sommet duquel se dresse l’emblématique tour de l’Horloge (que l’on peut rejoindre par téléphérique), elle fait alterner les atmosphères, en une série de contrastes qui surprennent et ravissent les visiteurs. Comme celui qu’il y a, par exemple, entre la cathédrale Saint-Gilles, qui date du XVe siècle et témoigne d’une longue histoire de l’art religieux, et le Kunsthaus (2003 - Peter Cook et Colin Fournier), musée d’art moderne et contemporain, et bel exemple de blob architecture posé au bord de la Mur. Il serait vraiment dommage qu’un voyage en Autriche ne comportât pas un séjour à Graz.
LINZ
Il est difficile d’évoquer en quelques mots seulement la capitale de la Haute-Autriche. Fondée par les Romains sur le Danube, elle regorge de trésors cachés et exhibés (et nous ne parlons pas seulement de la Linzer Torte). Dans la ville ancienne, l’église des Minimes date du XIIIe siècle ; la maison où Mozart écrivit sa Symphonie n° 36 (Linz), du XVIe ; celle où vécut Kepler, du XVIIe, comme la cathédrale, qui eut Anton Bruckner pour organiste ; la Hauptplatz, elle, est surtout baroque… Au bord du fleuve, l’Ars Electronica Center (2009) et le Lentos (2003), le musée d’art moderne, ajoutent à cela des notes résolument contemporaines. Et il faudrait parler de la douceur de vivre, du dynamisme industriel… Bref, comme pas mal de villes autrichiennes, Linz mérite un séjour. « Comme », et peut-être même « plus que » diront certains connaisseurs…
INNSBRUCK
Un séjour à Innsbruck convaincra que le charme alpin n’est décidément pas un vain mot. Par une belle journée, les sommets enneigés des Karwendel ont quelque chose de frais et glorieux. Les maisons colorées se reflètent joliment dans l’Inn. C’est à la fois pittoresque et ample. Bien sûr, la ville a une longue histoire et de beaux monuments : église de la Trinité (Jesuitenkirche), cathédrale Saint-Jacques, basilique Notre-Dame des Quatre Colonnes ; le musée ethnographique du Tyrol est plein d’intérêt et de beaux meubles peints ; les installations sportives sont d’excellent niveau et font de la ville une destination hivernale de premier rang. Mais il y a avec tout cela quelque chose en plus, un je-ne-sais-quoi qui retient et invite à revenir, ou qui appelle à voyager en Autriche.