La capitale du Japon compte actuellement une bonne centaine de bars très spéciaux. On y sirote thé ou soda entouré par des dizaines de chats. Caresser avec douceur pour savourer les ronrons de bonheur.
Au-dessus de la porte est écrit Neko Cafe. Café à chats. Entrer et observer strictement le rituel imposé par le propriétaire. C’est assez souvent le même : se déchausser, se débarrasser de son éventuel manteau et de ses sacs de shopping, se laver les mains, enfiler des chaussons fournis sur place et s’installer, bref, se comporter comme si on venait d’arriver à la maison après une longue journée de travail. Voilà pour le principe.
©Long Lei/XINHUA-REA
Grand calme exigé, s’installer dans le canapé, les fauteuils ou les poufs mis à disposition des visiteurs puis savourer. L’aménagement des lieux entend le plus souvent reconstituer le cocon que représente le salon ou la chambre d’un appartement. Du reste, des magazines et des mangas sont généralement à disposition, le WiFi est gratuit et les nombreuses prises permettent de recharger gratuitement téléphone mobile et tablette. On vient ici pour passer un moment douillet. Alors, laisser faire.
Boule de poils soyeux
Chaque Neko Cafe abrite plusieurs dizaines de chats. Toutes races, tous âges, tous styles. Entre les meubles, sont disposés panières, jeux, tunnels, gamelles, échelles et autres caisses à nécessité. Clairement, le consommateur a le statut de visiteur. Les chats sont les véritables propriétaires des lieux. Du coup, un code de conduite strict est imposé aux humains : pas de gestes brusques, parfois il est possible de prendre les chats dans ses bras mais prière de ne pas le forcer à y rester, interdiction de photographier avec un flash, très souvent également, de donner à manger ou de courir derrière un félin joueur. Grosso-modo, il faut donc se contenter d’une caresse, heureux celles et ceux qui héritent d’un joli chaton lové sur leurs genoux.
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Les tenanciers de ces cafés à chats font évidemment assaut de séduction. Certains jouent l’espace miniature, l’équivalent d’un studio, quelques sièges et une dizaine de chats. D’autres élargissent le format, grand logis et près de cent félins. Tous misent sur le charme de leurs habitants, boule de poils soyeux ici, blanc immaculé aux yeux verts là-bas, chaton malicieux contre pépère tranquille toujours entre deux siestes. Chacun son genre, son look et ses fans.
Interdiction de l’animal domestique à la maison
Histoire de ne pas encombrer le bar, le tarif est fixé selon le temps passé à câliner et gratouiller les douces toisons. Compter environ 10 euros pour passer 30 minutes au milieu des ronrons et une quinzaine d’euros quand on veut pousser jusqu’à l’heure. Envie de plus, ce sera pour demain ! A ce tarif, la tasse de thé ou le verre de soda sont inclus.
Même si le concept de bar à chats est né à Taïwan, il fait fureur au Japon depuis une dizaine d’années. Toutes les grandes villes on les leurs et Tokyo (13 millions d’habitants) en compte une centaine. Cet engouement est né des spécificités du logement dans les grandes villes. Nombre de règlements de copropriété interdisent en effet la présence d’animaux domestiques en leurs murs. Dans le même ordre d’idée, les loueurs de studios refusent souvent la présence d’un compagnon à poil. D’où la frustration d’un grand nombre de citadins qui vivent seuls et ne peuvent accéder à la câlinothérapie dont le chat est un pourvoyeur expert particulièrement recherché.
©LONG LEI / XINHUA-REA
L’affaire est si populaire que les associations animalistes qui dénoncent l’enfermement de nos amis à quatre pattes ne sont pas parvenues à endiguer la mode. Mieux : récemment, d’autres cafés à thème animal ont ouvert. Ainsi est-il possible à Tokyo de boire un café entouré de lapins, d’oiseaux, de chouettes et même de hérissons. La gratouille dans le cou n’est pas forcément au programme. Les voies du bien-être et de la détente gardent leur mystère et c’est une excellente nouvelle.
Sélection de bars à chats de Tokyo :
♦ Nekorobi - Tact T.O. Building, Toyoshimaku
♦ Hapineko - Dogenzaka, Shibuya
♦ Calico - Fuji building à Shinjuku
♦ Nekonoiru - Kyukeijo, Ikebukuro
Par
JEAN-PIERRE CHANIAL