Et si le deuxième pays de la planète en terme de superficie nous offrait une leçon de simplicité et d'humilité à sa (dé)mesure? Le pays est aussi beau et accueillant qu'il est vaste! Sportif, contemplatif, ou épicurien, on en revient comblé, avec la certitude qu'il fait délicieusement bon vivre...
Dans la mythologie des Amérindiens, l'homme occupe dans l'univers une place subsidiaire. Son désir, ses besoins, sa subsistance, ne sont pas plus prépondérants que ceux d'un arbre, d'un insecte. Quelles qu'aient été les vicissitudes de la conquête, il semble, au bout du compte, que leur philosophie aura prévalu. Au vingt-et-unième siècle, le Canada peut donner à ses voisins une fabuleuse leçon d'écologie appliquée. Son territoire gigantesque est en grande partie préservé des errements humains. En pleine nature, on aura l'impression de voir le monde dans l'état où il se trouvait il y a des siècles et dans les grandes villes, de plonger droit vers le futur....
Un futur accueillant, puisque le respect de l'autre et celui de l'environnement, sont l'essence même du quotidien. En été, quand s'efface le mirage étincelant de l'hiver on mesure mieux la splendeur d'une terre aux multiples facettes. Reliefs acérés ou sculptés par les vents, lacs aux eaux limpides, côtes maritimes malmenées par les marées, forêts de conifères ou pluviales, villes héritées de la ruée vers l'or et gratte-ciel miroitants... Les couleurs jouent de fabuleuses symphonies, la gamme des verts s'étend des plus sombres jusqu'aux plus tendres, les bleus aquatiques s'allient à ceux du ciel pour composer une ode à la plénitude. D'un océan à l'autre est la devise du pays, qui se déploie du Pacifique à l'Atlantique, et monte jusqu'à l'Arctique... on pourrait parler d'une multitude de territoires, si un trait commun ne les reliait pas d'un bout à l'autre, et d'est en ouest : la formidable alchimie qu'opère la grandeur, l'immensité, lorsqu'elle s'allie à la simplicité. Découvrez tous nos idées de circuits au Canada.
L'EST
Il suffit d'écouter Charlebois, Diane Dufresne, ou Beau Dommage, pour éprouver une forme de tendresse, de bienveillance apaisante et chaleureuse... Ici, chaque habitant est un peu leur porte-parole. On redécouvre une langue, transfigurée par un accent chantant, des termes désuets et des métaphores si imagées qu'elles semblent poésie. À Montréal, l'été est l'occasion de festivals : jazz, musique, pyrotechnie et même... humour. Fusion parfaite entre l'Europe et l'Amérique, point de rencontre des nombreuses nationalités qui y ont implanté leurs "petites patries", Montréal permet un tour du monde en une ville, et sa gastronomie s'en ressent... A Québec City, on part sur les traces de Jacques Cartier et des fondateurs du pays. Leurs descendants ont fait naître sur les rives mêmes du Saint-Laurent, une ville où l'eau est l'alliée des espaces verts. Plus au centre, la capitale, Ottawa, est victorienne, on y assiste à la relève de la garde, dans la pure tradition British. C'est aussi le point de départ d'une escapade gourmande à travers les vergers de l'Ontario, avant un survol des chutes du Niagara.
L'Est rural est aussi riche et contrasté que ses villes... Les structures d'hébergement sont à petite échelle et quelle variété ! Maisons victoriennes, tipis, cabanes en bois rond, pourvoiries, yourtes, ou même un phare... Difficile aussi de choisir entre les activités : canoë, cheval, VTT, rafting, randonnée trappeur ou simple promenade, dégustation de vins, rencontre avec les Amérindiens...
"L'image d'Épinal" de l'Est du Canada c'est bien sûr le pays des bûcherons: forêts denses de conifères, forêts mixtes où les bouleaux se mêlent à l'emblématique érable, lacs, rivières... Quelques jours en pleine nature, sans électricité, suffisent pour adopter le rythme du soleil. Le temps file au gré du courant, en emportant le stress. On admire, en les enviant un peu, le travail acharné des castors qui construisent sous nos yeux leur abri hivernal. On part pêcher en kayak ou bien on canote pour le plaisir... L'Est c'est aussi la merveille du fleuve Saint-Laurent et du parc national des "Mille îles". Vingt quatre sont encore inhabitées, et chacune renferme une flore et une faune exceptionnelles.
Et puis, en été, la douceur de l'air permet de profiter des milliers de kilomètres de côte des territoires maritimes. De longues promenades sur des trottoirs de bois conduisent à flanc de falaises ou en bordure de plages désertes, au cœur de dunes, verdoyantes ou orangées, comme sur l'île du Prince Edward... Au New Brunswick, dans la baie de Fundy, les grandes marées sont les plus fortes du monde. A marée basse, sur le site d'Hopewell Rocks on déambule dans un sublime tableau surréaliste parmi d'immenses totems naturels en roche rouge.
Quelques heures plus tard, c'est en kayak, que l'on navigue entre les sommets qui affleurent encore. En Nouvelle-Écosse, on fait halte dans des ports bâtis à flanc d'eau, les jolies maisons de bois semblent y avoir échoué lors d'un ancien naufrage. La Gaspésie réunit presque simultanément les deux ambiances de forêt et de mer. On peut aussi suivre la route des baleines, dans le golfe du Saint-Laurent, et voguer à leur rencontre. Et l'on s'éloigne à regret de cette région, caressée par "les ailes d'un ange". D'autant plus qu'on y laisse derrière soi des gens que l'on n'hésite pas à qualifier d'amis, tant la rencontre a été évidente et intense.
L'OUEST
Ici, c'est la nature, une nature XXL, grandiose... une immersion dans des décors gigantesques qui surpassent l'imagination. L'expérience est initiatique, féérique. Confrontés aux plus grands lacs, aux plus belles montagnes, aux plus grands arbres, on affronte le vide, l'espace et l'horizon.
Dans les provinces des prairies, on plonge en plein décor de western. Les ranchs sont gigantesques, on peut les parcourir à cheval ou, en vrai cow-boy, y travailler. Calgary accueille en été un gigantesque festival de rodéo. Captures au lasso, courses de chariots, sont l'occasion de baigner dans une ambiance de musique country, avant d'aller se perdre vers les Rocheuses. Dans le parc national de Jasper, cerfs, mulets, wapitis, mouflons, s'ébattent en liberté depuis la nuit des temps. Les abords du lac Maligne, permettent, à pied ou à cheval, des randonnées inoubliables. Bouche bée, le souffle coupé, on approche en bateau ou en canoë de Spirit Island. Perdue au milieu du lac, la petite île dresse vers l'azur les flèches acérées de ses pins gigantesques pour mieux rivaliser de beauté avec les sommets enneigés qui l'encerclent.
On repart, le cœur serré, pour emprunter la route des champs de glace. Les glaciers s'écartent pour mieux sertir des lacs que le dégel en particules peint en turquoise vibrant ou en émeraude. Un survol en hélicoptère ou une descente en rafting dans les torrents procurent des sensations fortes, pourtant, la beauté est telle qu'elle métamorphose les plus agités en contemplatifs.
Autre découverte, la ville de Vancouver, un magnifique décor urbain, posé entre la montagne et la mer, hérissé de gratte-ciel et baigné par la nature. L'île qui lui fait face est digne de porter son nom. Sa capitale, Victoria, est réputée pour ses jardins et sa gastronomie. Au large, des sites de plongée de renommée mondiale, et un paradis pour la pêche au gros. Sur sa côte ouest, entre les ports d'Ucluelet et Tofino, en passant par le Rim National Park, s'alignent des plages désertes, ourlées par de magnifiques forêts pluviales et bordées par le Pacifique. L'arborescence des fougères laisse apparaitre des sources claires. Dans les criques, se reposent baleines et ours. La côte nord-est forme avec le continent un long détroit émaillé de fjords où évoluent les orques. On peut loger sur une petite île et voguer à leur rencontre en kayak. Ou mieux, survoler la zone en hydravion et se poser dans le Knight Inlet Lodge, pour passer quelques jours en compagnie des grizzlys.
Au Yukon, on remonte le temps. Les pionniers ont laissé des villes fantômes et leurs saloons, des bateaux à vapeur, et bien sûr, d'anciennes mines d'or. Les orignaux, les wapitis, les grizzlys, sont plus nombreux que les habitants de ce territoire presque aussi vaste que l'hexagone. Descentes de rivières en rafting, survol des glaciers, road trip et randonnées... au nord, en été, ni aube ni coucher de soleil, la nuit n’est qu'un souvenir. Les représentants des "premières nations", les Amérindiens, nous racontent la création de l'univers. On se sent encore plus privilégié qu'ailleurs au Canada, mais était-ce seulement possible ?
Par
SANDRINE SOIMAUD
Photographies
SAMANTHA FAIVRE