L’été, c’est la belle saison. L’automne, ou plutôt l’été indien, la saison flamboyante où les couleurs explosent, comme si elles voulaient en rajouter, avant que le pays ne s’installe dans six mois ininterrompus de blanc. Là, les voyageurs désertent le pays. Et pourtant, n’est ce pas celui-ci le Canada mythique, celui des espaces du « grand Nord » ?
Chaud-froid
Le pays s’est construit au rythme de son hiver, il a créé des villes souterraines, avec leurs rues, leurs cafés, leurs boutiques. La chaleur de ses habitants, perceptible tout au long de l’année, se fait encore plus forte en hiver, lorsqu’on se réchauffe près d’un plat de poutine. A Ottawa, le canal rideau se transforme sur des kilomètres en patinoire géante. Une autre façon de visiter la ville ! Et partout, la nature s’offre, unique, et décline ses blancs sous toutes ses formes.
Samantha Faivre
Sculptures éphèmères
Des créations mythiques sortent des glaces, sculptures immenses dans des squares de village, qui rendent pitoyables nos misérables bonhommes de neige. Il y a même, au cœur du Québec, tout un hôtel qui sort des glaces, salon, bar glacé où l’on peut se réchauffer de l’intérieur en buvant une petite vodka. Une oeuvre de… fondus qui resurgit chaque hiver. La construction démarre en décembre, lorsque le mercure s’est maintenu sous la barre de moins 5 degrés pendant plus d’une semaine. Une folie éphémère, intégralement faite de neige et de glace : une trentaine de chambres au décor unique, renouvelé chaque année, lit, table de chevet, chaises sculptées dans la glace. Seuls les matelas, les duvets ultra-performants et les fourrures qui garnissent les lits ne sont pas en glace. Il y a même une chapelle de glace et un grand toboggan. En 6 semaines, l’hôtel de glace est né, il vivra pendant 2 mois avant de progressivement devenir eau…
ImageSource/REA
Les chutes du Niagara pour soi tout seul !
Lorsque l’hiver arrive, les chutes du Niagara, haut lieu du tourisme international, qui dans une ville de 80 000 habitants voient passer plus de vingt millions de touristes par an, soit la population de toute l’Australie, et lieu favori des Américains pour les voyages de noces, abandonnent pour nous seuls tout le site. La ville est blanche, les chutes sont blanches. Monochrome jouant sur les effets de matière, blanc transparent des arbres givrés, poudré de la neige des berges, craquelé de la surface de glace de la rivière, vaporeux du brouillard intense des gouttelettes en suspension des chutes, car là le courant a gagné, l’eau reste liquide, les chutes restent chutes, assourdissantes. Trouvez l'idée voyage Circuit au Canada qui se rapproche au mieux de vos envies sur notre page dédiée.
ZUMA Wire/ZUMA/REA
Tester de nouveaux moyens de transport
Dans tous les parcs nationaux, se décline une palette infinie de moyens de visite, pour tous les goûts, pour tous les rythmes. Coté zen, les chemins de randonnée pédestre s’arpentent à skis de fond ou en raquettes, histoire de jouer au trappeur, et débusquer élans ou castor. Côté futur, les sensations fortes de la motoneige. Et coté tradition, le traîneau à chiens. Au début, on se dit que ça ne va pas être possible : déjà, la meute de chiens hurle, rendant la motoneige silencieuse. Le bruit est pire qu’au sein d’un embouteillage en pleine ville un jour de grève des transports ; ensuite, les mains sur les oreilles, on se dit qu’on est chez des amateurs, ces chiens qui ont l’air de se haïr vont se bouffer les uns les autres plutôt que de nous tirer dans la même direction. Et, dès que le chef de file est attaché, la magie opère. Tous se calment d’un coup. C’est une drôle de sensation. Le bruit du traîneau qui chuinte sur la neige, proche de celui d’un voilier qui file, vaut la balade à lui seul. Les paysages se déploient, et déclinent leurs non-blancs, blanc-bleu, blanc-violet, blanc-rose, blanc-brillant ou poudreux à 360 degrés.
Samantha Faivre
Taquiner le poisson
On l’appelle généralement « Ice-fishing » et du joli nom de « pêche blanche » au Québec. C’est toute une organisation. On s’y rend en voiture, ou en motoneige. On creuse les trous, on met ses lignes et on attend, l’œil rivé sur les trous, pour repérer les « touches ». Bien protégé dans sa doudoune, on s’enfonce dans son fauteuil, on partage des bières en prenant le soleil. Dans certains coins, dès que la glace est assez forte, tout un village provisoire se construit sur l’eau pour l'hiver. A intervalles réguliers, des cabanes de bois sont montées. Il y a des jardinets, et des rues, où l’on peut garer sa voiture (on peut y louer une cabane à la journée, « en meublé » c’est-à-dire tout équipée, y compris lignes et appâts). Avant tout sport de patience, la pêche blanche est un prétexte, sa vraie fonction est de réapprendre à goûter le temps, réapprécier les heures en suspens…
Aleksei Lazukov/fotolia.com
Par
VERONIQUE DURRUTY
Photographie de couverture : Centre Kanatha-aki