Et le rond rouge du soleil levant devint ovale rayonnant. Du vendredi 20 septembre au samedi 2 novembre 2019, le Japon accueillera la neuvième édition de la Coupe du Monde de rugby à XV. Les vingt meilleures équipes de la planète disputeront quarante-cinq matches de haute intensité pour désigner la championne.
Au pays des cerisiers en fleurs et du sumo, l’événement mobilise comme jamais. Six semaines durant, l’occasion sera belle de conjuguer la puissance des mêlées avec les délicatesses de l’éternité.
Flash-back. Coup de tonnerre à Brighton, ce 19 septembre 2015. Dans le cadre de la Coupe du Monde de rugby qu’organise l’Angleterre, l’Afrique du Sud, les fameux Springboks, les « Bocks » comme abrègent leurs fans, est battue par le Japon. 34-32. Une victoire historique, c’est la première de cette petite nation de l’ovalie jetée en pâture aux grands. Pas un bookmaker n’a prévu le coup. Une catastrophe du côté du Cap mais un moment exceptionnel de gloire nationale de Kagoshima jusqu’à Sapporo, en passant par Tokyo, Kobe et Kyoto. Certains auraient même aperçu d’étranges lumières au sommet du Mont Fuji. L’affaire tombe à point puisque les édiles du ballon ovale ont désigné le Japon pour accueillir l’édition suivante, à l’automne 2019.
Vestiaires agrandis
Tout le pays est mobilisé. Même si le rugby est loin d’être le sport le plus populaire de l’empire avec 96 000 licenciés (on en compte trois fois plus en France), loin derrière le base-ball, le golf ou le foot. Justement. Douze stades vont accueillir la bataille des packs. Plein Nord à Sapporo sur l’île d’Hokkaïdo jusqu’à Kumamoto, tout au Sud du pays. Les instances nippones ont fait agrandir les vestiaires et leurs douches individuelles afin que les baraqués occidentaux prennent leurs aises sans avoir besoin de tout casser, il a été demandé aux supérettes de supprimer leur rayon de magazines pornos, question d’image à l’international, et la population a été prévenue que les jours de victoire, il était possible que certains supporters ne s’en tiennent pas au sage comportement habituellement observé en ville. Les bars à chats en revanche, resteront ouverts.
RUGBY-JAPAN.JP
Par tirage au sort, les équipes ont été réparties en quatre poules de cinq candidates au titre. Ces mini-championnats livreront un vainqueur et son second, qualifiés pour les quarts de finale. Les derniers élus s’affronteront en demi-finale à Yokohama où se tiendra également la finale, le 2 novembre. Le match d’ouverture lui, Japon contre Russie, lancera les festivités le 20 septembre dans le stade olympique de Tokyo, juste après la cérémonie officielle de présentation de la compétition.
Les défis du XV de France
Entre-temps, les rencontres se succèderont à un rythme soutenu. De prévisibles temps forts, mais les surprises font aussi partie du jeu, auront lieu le 21 septembre (France-Argentine à Tokyo, Nouvelle-Zélande contre Afrique du Sud à Yokohama), le 22 septembre avec le choc Irlande-Ecosse également à Yokohama, en attendant Australie-Ecosse du 29 septembre à Tokyo ou la revanche du Tournoi des VI Nations Angleterre-France du 12 octobre à Yokohama. Les phases finales se disputeront les 19 et 20 octobre, les demi-finales les 26 et 27 octobre avant que la petite finale (1er novembre) et la grande (2 novembre) concluent les festivités.
Steve Bardens/VisitBritain
Quant à l’équipe de France qu’on espère à nouveau en mode victoire, outre les deux chocs avec les « ciel et blanc » argentins puis contre les hommes à la rose, elle affrontera les Etats-Unis le 2 octobre à Fukuoka et enfin les îles Tonga le 6 octobre à Kumamoto. Quatre matches pour faire la différence et intégrer le gotha de l’ovalie, ce qui se produisit trois fois, en 1987, 1999 et 2011, lorsque le quinze tricolore accéda à la finale. Et la perdit.
« Sport de voyou pratiqué par des gentlemen »
Rappelons que la coupe qui récompense l’équipe championne du Monde, le William Webb Ellis trophee, du nom de cet étudiant anglais qui aurait inventé le rugby en 1823, a jusqu’à présent été monopolisée par les nations du Sud, Nouvelle-Zélande, les « Blacks », trois fois (1985, 2011 et 2015), l’Australie (1991 et 1999), l’Afrique du Sud (1995 et 2007). Seule exception, l’Angleterre en 2003 est parvenue à s’immiscer dans ce palmarès.
En 2023, pour sa dixième édition, le Championnat du Monde célèbrera donc le bicentenaire de la pratique de ce jeu un peu bizarre, « sport de voyou pratiqué par des gentlemen » prétendent certains, au cours duquel, les costaud se frottent les oreilles et les véloces se couchent sur un ballon aux facétieux rebonds. So british. Ce sera donc la fête, la grande fête. Bonne nouvelle, elle se déroulera en France.
Par
JEAN PIERRE CHANIAL
Photographie de couverture : Arno Gasteiger/LAIF-REA