Incarnation d’un pays tourné vers l’avenir, le train à grande vitesse Lane Xang, du nom d’un ancien royaume laotien, fait désormais partie du paysage, flirtant au passage avec des traditions séculaires et des panoramas insoupçonnés. La promesse d’une ouverture inédite pour ce territoire enclavé, et d’une autre manière de voyager au Laos, plus douce et plus verte.
Embarquement : Vientiane
En partant de la frontière thaïlandaise, on prend l’histoire à rebrousse-poil. Vientiane est l’ambassadrice du Laos du XXIe siècle. Le modernisme, croissant, doit cependant jouer des coudes entre villas coloniales et larges avenues bordées de platanes – héritage de la IIIe République française. Face à lui, solidement ancré dans le quotidien et l’architecture, le bouddhisme d’ici n’a pas pris une ride et pourrait se mesurer en wat (temples) et en bouddhas – le Wat Sisaket, l’un des plus vieux temples de la ville, abrite à lui seul près de sept mille images de Bouddha. Toute capitale qu’elle soit, Vientiane est toujours enveloppée d’un charme de village et, surtout, de nature. Une quarantaine de kilomètres vers le nord-est suffit à atteindre la réserve naturelle de Phou Khao Khouay, ses montagnes, ses incroyables cascades en gradins, ses bambouseraies et sa jungle dense et vivante où s’épanouissent les orchidées sauvages.
Thomas Linkel/LAIF-REA
Escale : Vang Vieng
Derrière les vitres du train, les paysages défilent à vive allure, contrastant avec le rythme indolent des campagnes laotiennes, et avec celui du Mékong qui ne serpente jamais bien loin. C’est au bord de la rivière Nam Song que l’on fait escale. Village paisible et discret, Vang Vieng s’annonce pourtant en grande pompe, couronné d’étonnants pains de sucre karstiques. Ils composent, avec forêts et rizières, un horizon inattendu où l’érosion joue les paysagistes. À la fois fond et forme, la nature remplit les journées : randonner, naviguer, escalader, méditer. Partout, la géologie semble se mettre en scène. Répétition générale au sommet du mont Pha Ngeun, d’où le spectacle, à 360°, est grandiloquent : pitons dessinés en ombres chinoises sur le couchant et rizières scintillant à perte de vue. Puis, il y a ce que l’on ne voit pas à l’oeil nu : des chutes d’eau derrière les arbres, des grottes semblant détenir un secret. À l’image de celle de Tham Phoukham où est couché un imperturbable Bouddha doré.
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Terminus : Luang Prabang
Les villages Hmong et la nature apaisée de la région de Vang Vieng font rapidement place à une autre sorte de sérénité, plus solennelle. C’est que Luang Prabang est le centre spirituel du pays. Une trentaine de monastères en activité sert de retraite aux moines qui, chaque jour à l’aube depuis plus de six cents ans, demandent l’aumône aux habitants. Rompus à ce fascinant défilé de crânes rasés et de robes roses ou safran, les fidèles, agenouillés, remplissent de riz, de fruits ou de biscuits les bols des bonzes. En échange, ces derniers assurent l’équilibre spirituel de la cité. S’il n’est pas bouddhiste, l’observateur se contente, lui, de faire don d’un peu de son sommeil. Le Mékong, désormais familier, le portera plus tard jusqu’aux grottes perchées de Pak Ou, où d’innombrables statuettes bouddhistes confèrent à la spéléologie des airs de pèlerinage. On accède alors à une vue de carte postale que la mousson elle-même ne saurait ternir : les eaux mêlées du Mékong et de la rivière Nam Ou et, sur leurs rives, montagnes et jungle abreuvées de cascades.
Pia Riverola
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Photographie de couverture
ALIXE LAY