Au pays des elfes, des Vikings et des polars, nature rime avec démesure. Au-delà des images d’Épinal qui demeurent de véritables prodiges, il existe des régions plus confidentielles, encore plus sauvages, où le voyageur se retrouve seul, confronté aux éléments. A l’est et au nord-ouest, l’Islande déploie deux zones où les fjords se multiplient comme le plumage d’une aile. Dans ces terres extrêmes, pas de geysers ou de champs de lave mais de ravissantes routes côtières s’enroulant autour des fjords à la beauté céruléenne. Des moutons bruns égarés loin de toute habitation, des milliers d’oiseaux de mer. Un paysage scénique en épingles serrées, ponctué çà et là de comptoirs de pêche riches d’histoire. Et tout au bout, les falaises craquelées plongent à pic, désert de pierre minéral. S’il est difficile d’en établir un palmarès parmi les 109 fjords que compte officiellement le pays au total, voici une sélection de ceux qui marquent l’esprit voyageur. L’apogée du voyage contemplatif, hors du temps, au plus près des éléments.
- Eyjafjörður
- Hvalfjörður
- Mjóifjördur
- Seyðisfjörður
- Ísafjarðardjúp
- Súgandafjörður
- Borgarfjörður-Eystri
- Breiðafjörður
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Eyjafjörður
Aux portes de l’Arctique
Le "fjord des îles" est l’un des plus longs d’Islande : 60 kilomètres qui s’étirent vers l’intérieur des terres du Nord, cernés d’imposantes chaînes de montagne. Lovée au creux du fjord, Akureyri, la charmante "capitale du nord", regorge de cafés et de belles adresses familiales. La ville offre un agréable camp de base aux explorations septentrionales. Situé sur la côte orientale de l’Eyjafjördur, le petit hameau de Dalvik mène quant à lui une vie tranquille, en marge des itinéraires classiques des voyageurs. C’est l’endroit idéal pour partir en zodiac admirer les baleines, rorquals et autres dauphins qui se prélassent dans les eaux voisines. Au large, à quelques encablures du hameau, la petite île de Hrísey semble éternellement figée à l'entrée du fjord. Tout un symbole pour ceux qui désirent approcher la limite du mythique cercle polaire.
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Hvalfjörður
Le fjord de la baleine
La vallée de Reykholt, qui débute juste au nord de la capitale islandaise, offre un joli condensé de l’île entre cascades, sources chaudes naturelles et fjords. Le Hvalfjördur, "le fjord de la baleine", abrite l’une des plus belles routes du pays et constitue une très bonne introduction à cette région. Si une légende locale relate l’histoire d’un sorcier qui aurait combattu ici une baleine géante, l’observation des cétacés, présents en nombre dans les eaux du fjord, est loin d’être un mythe. L’usine de dépeçage des baleines, toujours en activité, se situe au fond du fjord, sur la rive nord. La route n°47 permet de faire le tour de ce très beau fjord, quasi délaissé par le trafic routier depuis l’aménagement d’un tunnel qui rejoint les deux rives. Cette route permet également de rejoindre la chute de Glymur, la plus haute d'Islande (200 mètres), un secret encore savamment gardé.
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Mjóifjörður
Sauvage et mystérieux
Peu connu du grand public, le fjord de Mjóifjörður n’en est pas moins l’un des plus beaux de l’Est islandais. Sauvage et mystérieux, il se laisse approcher par une route non goudronnée offrant quelques épingles assez serrées et nécessitant de la prudence, à laquelle on accède par la route n°953 entre Reyðarfjörður et Egilsstaðir. Le minuscule port de pêche de Brekka et la petite église qui s’y trouvent constituent les seules traces humaines dans ce paysage naturel grandiose, qui revêt toute sa splendeur à la tombée du jour. Le phare, tout au bout de la route 953, est l’un des plus vieux d’Islande, construit en basalte. La cascade de Klifbrekkufossar est située dans la descente d’accès au fjord. Elle se démultiplie en une succession de petites cascades suivant l’érosion des différentes couches géologiques.
Matthieu Ricard
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Seyðisfjörður
Le plus impressionnant
Avec ses 17 kilomètres de long, ce bras de mer étroit entouré de hautes montagnes constitue l’un des plus beaux fjords de l’Est et déroule des paysages enchanteurs. Protégé par les contreforts de ce fjord sculpté par le temps, le petit village éponyme se niche au plus profond du Seyðisfjörður. Important port de pêche du XIXe siècle, le cœur du village est très coloré avec ses maisons en bois de style norvégien. Le fjord peut se découvrir par la mer pour les adeptes de kayak, mais aussi à cheval ou à vélo au gré de ses rives. Les flancs des montagnes qui entourent Seyðisfjörður sont propices à la randonnée ; différents sentiers s’adaptent aux envies et au niveau de chacun. On peut notamment découvrir la vallée du Loðmundarfjörður, un petit fjord de 6 kilomètres situé au nord de Seyðisfjörður anciennement peuplé de fermiers et aujourd’hui abandonné. Le point de vue sur la confluence des fjords Loðmundarfjörður et Seyðisfjörður est particulièrement saisissant. Les plus courageux (et les mieux entraînés) pourront se lancer à l’assaut des Seven Peaks : pour obtenir le diplôme officiel de "Viking des montagnes" de Seyðisfjörður, il faut gravir les sept montagnes entourant le fjord en 24 heures.
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Ísafjörður
Le plus profond
Son nom signifie littéralement "le profond fjord glacé". Et pour cause, l’Ísafjörður représente l’un des fjords les plus profonds d’Islande. Au nord-ouest de l’île, le bras de mer s’avance sur près de 120 kilomètres à l’intérieur des terres. Il se divise en une multitude d’embranchements et de baies, encerclés de montagnes planes aux cimes enneigées. Là encore, le kayak est à privilégier pour découvrir les paysages depuis l’eau – l’occasion aussi de croiser des phoques qui se prélassent ici en nombre. Au milieu du fjord, l’île de Vigur est une oasis verdoyante longue de 2 kilomètres et large de 300 mètres peuplée de milliers d'oiseaux – macareux, guillemots, sternes arctique et eiders, dont on récolte le duvet pour les édredons.
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Súgandafjörður
Le fjord méconnu
Le Súgandafjörður est un superbe fjord abritant le port de Suðureyri. Cette partie nord-ouest de l’île est injustement ignorée par les circuits touristiques. Les voyageurs qui s’y aventurent y trouvent donc une authenticité, un accueil et une hospitalité qui font la fierté de la communauté locale. Le village abrite une agréable piscine avec vue ainsi qu’une usine de pêche ouverte au public en été. L’activité géothermique permet aux villageois de chauffer leurs maisons avec de l'eau chaude naturelle. On accède à Suðureyri par la route n°65. Celle-ci croise la route n°61 au beau milieu du tunnel qui relie Ísafjörður au fjord d’Önundarfjörður.
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Borgarfjörður-Eystri
Paradis des randonneurs
S’aventurer au pays des trolls et des elfes, dans la région de Borgarfjörður-Eystri, permet de découvrir quelques-uns des plus beaux paysages d'Islande. Chaînes montagneuses, lacs d’altitude, déserts, baies protégées... Le tout sur fond de couleurs exceptionnelles : rouges souffre, noir volcanique, couleurs pastel sur les coteaux. Ces couleurs trouvent leur origine dans la présence de rhyolite orangée au cœur des montagnes. Ce secteur est 100% nature ; on y séjourne d'ailleurs en refuge afin d'être au plus près des éléments. Avec une trentaine de parcours de randonnée recensés à proximité, les marcheurs ont de quoi user leurs chaussures. Non loin de Borganes, à l’ouest de l’Islande, le fjord et le village sont accessibles par la route n°94, à environ 70 kilomètres au nord d’Egilsstaðir.
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Breiðafjörður
Des îles et des oiseaux
Au nord de la péninsule du Snæfellsnes, on entre dans le somptueux fjord de Breiðafjörður par le petit port de pêche de Stykkisholmur. Au bout d’une presqu’île dominée par une église blanche, ce petit bourg agréable aux maisons espacées et colorées permet d’emprunter un ferry pour rejoindre les fjords du nord-ouest ou simplement de caboter en bateau pour observer les oiseaux qui se rassemblent dans le Breiðafjörður. Parsemé de quelque 2000 îles, le fjord abrite des eaux peu profondes et particulièrement fertiles qui font le bonheur de dizaines de milliers d’oiseaux tels que le cormoran huppé, le goéland bourgmestre, le guillemot noir et le macareux moine. Les plus chanceux pourront même apercevoir le rare pygargue à queue blanche, le grand aigle de mer.
Veronica Bogaerts/Getty Images/iStockphoto
Par
CLARA FAVINI
Photographie de couverture : M Lenny/Getty Images/iStockphoto