Quatre mers, la mer Noire, la mer de Marmara, la mer Égée et la Méditerranée ; des côtes sauvages aux criques azur, plantées de vignes et d’oliveraies, et essaimées de sites antiques ; des canyons et des vallées pétrifiées ; des steppes et des plateaux arides… Des rivages de la mer Égée aux confins du Taurus, petit tour d’horizon des plus beaux paysages de Turquie.
Istanbul
Hésitant entre Orient et Occident, Istanbul s’épanouit sur deux continents. Allongée sur les deux rives du Bosphore, elle tire une grande partie de sa beauté de la mer qui l’enveloppe. Et c’est d’abord du Bosphore, à travers le voile de brume qui la sublime, qu’on aime à la regarder, à observer l’architecture de ses mosquées, ses dômes ronds et ses minarets élancés et les lignes de ses palais, à admirer l’élégance de ses anciennes résidences d’été ottomanes, les yalis, aux belles façades de bois – on se souviendra longtemps de l’envol des oiseaux marins au-dessus de la ville. On rejoint la terre ferme pour se perdre dans Balat, l’ancien quartier juif, sur les flancs de la Corne d’or. Un labyrinthe de ruelles pentues aux maisons colorées – jaune poussin, rose bonbon, vert tendre, bleu cobalt – dont les façades sont mangées de végétation, qui a lui seul constitue un monde.
Gabrielle Chavant
La Cappadoce
Sur les hauts plateaux d’Anatolie, le vent, l’eau et l’érosion ont transformé un champ de cendres en un paysage de matin du monde : vallées pétrifiées, canyons torturés, plaines volcaniques, coulées de basalte, aiguilles et cônes – les fameuses « cheminées de fées » couronnées de leur chapeau de lave –, mamelons aux couleurs laiteuses, du mauve à l’ocre. Ce paysage irréel impose à lui seul le voyage en Cappadoce. La vallée Rose et la vallée Rouge, hypnotiques, enchantent avec leurs terres rouges tachetées de soufre. Dans la vallée des pigeonniers, on voit les villages troglodytes creusés à même la roche et les églises rupestres, taillées dans le tuf, qui furent les refuges des premiers chrétiens d’Orient. Un peu plus loin, la chaîne des monts Taurus déploie ses paysages lunaires cernés de montagnes boisées et de plateaux d’altitude – spectaculaire !
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Kas et la côte lycienne
Dans le sud de la Turquie, en Lycie, on aime la côte sauvage, ses falaises qui plongent dans la mer et leurs criques escarpées. Le paysage est planté de palmiers, d’orangers et de lauriers roses. Les teintes sont méditerranéennes, entre calcaire blanc, bleu intense des eaux et vert des pins. Le chant des cigales achève de combler les sens. Dans l’ancien village de pêcheurs de Kas, fouillis de petites maisons blanches aux balcons de bois peints en bleu. L’amphithéâtre est posé juste face à la mer, on s’y assoit pour se perdre dans le bleu. Ensuite, on embarque en goélette pour rejoindre les îles baignées d’eau turquoise. On peut ainsi aller jusqu’à Simena, où les tombeaux partiellement immergés sont les seuls vestiges de l’ancienne cité lycienne.
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Oludeniz
Long ruban de sable blanc qui court entre des collines verdoyantes et une mer étale, la plage de Oludeniz, surnommée le « lagon bleu », apparaît régulièrement dans le palmarès des plus belles plages du monde. La lagune turquoise cernée de pinède est bien sûr très fréquentée à la haute saison, mais qu’importe, il y a tout autour de Fethiye des plages et des criques sauvages. Et dans sa baie, les îles de Gocek, qui rivalisent de beauté.
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Éphèse
Éphèse fut l’une des plus importantes cités grecques d’Asie Mineure, fondée au Xe siècle avant J.-C., au confluent des routes de la Soie. Elle est la plus belle ville antique d’Anatolie et, au-delà, l’un des sites archéologiques majeurs de Méditerranée. Malgré les tremblements de terre, les incendies et les pillages, elle est remarquablement conservée. Dans certaines maisons, on admire encore les fresques et mosaïques. Rues de marbre, temple d’Hadrien, gymnase, odéon, théâtre : ses vestiges les plus grandioses datent de l’époque romaine. Recelant plus de 12 000 rouleaux, la bibliothèque de Celsus rivalisait avec celle d’Alexandrie. S’il ne reste de l’édifice que sa façade à portiques, sa monumentalité témoigne de l’importance de la ville, qui fut l’un des principaux centres intellectuels de l’empire romain. Visiter Éphèse permet d’appréhender l’importance de l’écrit et de la diffusion du savoir dans la culture romaine. Mais au-delà du patrimoine, la visite fait naître l’émotion.
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Alaçati
Posée sur la péninsule de Çesme, à 70 kilomètres d’Izmir, la cité balnéaire d’Alaçati a un charme fou. On adore ses ruelles pavées, ses maisons blanchies à la chaux étincelantes sous le soleil, ses bougainvillées roses, ses chats ensommeillés. Entre hôtels de charme, tables généreuses et boutiques de créateurs, il règne dans l’ancien village de pêcheurs un esprit dolce vita, plébiscité par la jeunesse dorée d’Istanbul.
Lac de Van
Aux confins du Kurdistan turc, non loin de la frontière iranienne et culminant à près de 1700 mètres, le lac de Van est le plus grand de Turquie – et l’un des plus grands lacs d’altitude au monde. C’est une oasis pour de nombreuses espèces d’oiseaux : situé sur la route des grandes migrations, il représente une halte pour les milliers de migrateurs qui s’envolent vers l’Inde ou l’Arabie. Le lac de Van est aussi un site emblématique pour les Arméniens, l’une des trois « mers » arméniennes (avec le lac Sevan, situé dans les frontières actuelles de l’Arménie, et le lac Ourmia, en Iran). Au sud du lac, la petite île d'Aghtamar abrite l'église Sainte-Croix, typique de l’art areligieux arménien. Au milieu des herbes hautes et des vestiges d’un ancien verger, l’Ancien testament est inscrit sur ses bas-reliefs. La pierre de tuf volcanique, ocre et rouge, donne à l’église une chaleur qui rompt avec l’austérité du paysage alentour.
Monastère de Sumela
Le monastère de la Vierge Marie à Sumela est haut perché, posé comme un nid d’aigle sur les flancs d’une falaise rocheuse, d’une hauteur vertigineuse. Il apparaît au visiteur après une marche à pied à travers une forêt de pins, dans l’immensité du paysage environnant. Pendant des siècles, la région de la mer Noire a abrité une importante communauté grecque (la majorité ont fui à la suite du conflit gréco-turc dans les années 1920) et la légende dit que le monastère, haut lieu de la spiritualité orthodoxe, a été fondé par deux moines grecs en 385. Du monastère, on a un point de vue époustouflant sur les paysages montagneux environnants, on essaie d’imaginer la vie qui fut celle de ces premiers Chrétiens.
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Pamukkale
Pamukkale, c’est d’abord une curiosité géologique. Prenant naissance au sommet d’une haute falaise qui domine la plaine de Curusku, au sud-ouest du pays, des sources d’eau chaude ont façonné un spectaculaire paysage minéral à flanc de montagne, fait de cascades pétrifiées et d’une succession de vasques de calcaire et de piscines d’eau turquoise. Si la blancheur immaculée des vasques de Pamukkale, « le château de coton », évoque un glacier, la température de ses eaux turquoise est de 37°C. La baignade entre plaines et montagnes est revigorante. Les anciens, déjà, prêtaient à ces sources et à leurs eaux des vertus curatives. C’est pourquoi les Attalides, rois de Pergame, établirent ici la cité de Hiérapolis, vers la fin du IIe siècle avant J.-C. On peut en explorer les vestiges, parmi lesquels des thermes et des bains.
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Mardin
Aux confins de la Turquie, au cœur de la plaine de Mésopotamie, la citadelle de Mardin s’adosse à la colline. Les maisons cubiques aux toits plats s’égrènent sur les flancs d’un piton rocheux, à 1200 mètres d’altitude. Vue de la plaine au coucher du soleil, Mardin apparaît comme ce qu’elle est : l’une des plus belles villes au monde. Parcourant ses ruelles pentues, ses escaliers raides, ses palais et ses medersas, ses églises et ses mosquées, on perçoit le métissage des cultures et civilisations. Hittites, Perses, Romains, Omeyyades, Abbassides, plus récemment, Arabes, Arméniens, Kurdes peuplèrent successivement la cité. Au fil du temps, les influences se sont mêlées. Les minarets des mosquées et les clochers des églises chaldéennes composent un paysage de Babel.
Par
MARION OSMONT
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