Avec Jilian Queyroix, spécialiste de la Namibie pour Voyageurs du Monde, Jean-Pierre Chanial, journaliste, écrivain et grand voyageur, Michel-Yves Labbé, président de l'application Départ Demain et Départ (après) Demain, Mathieu Pujol, photographe animalier, grand voyageur, en direct de Namibie.
Quand partir et avec qui ?
Selon Jilian Queyroix, « la meilleure période pour se rendre en Namibie est de mars à Novembre. On y part en couple, avec des enfants de préférence adolescents car le voyage est rythmé ». Elle précise ensuite que la Namibie est un pays de paysages plus que de safaris, « un pays de déserts de roches, de sable jaune ou rouge, de dunes où les animaux sont un plus ».
Jean-Pierre Chanial illustre les propos de Jilian Queyroix avec des chiffres : « La Namibie, c'est 1,5 fois la France et 2,5 millions d'habitants. C'est un pays vide ! ». Il enchaîne sur la diversité des paysages exceptionnels qu'on ne trouve pas ailleurs en Afrique. « Il n'y a en effet qu'un seul pays plus vide que la Namibie, c'est la Mongolie », surenchérit Michel-Yves Labbé. Aussi, la Namibie présente quelque chose de magique et de plus en plus rare sur la planète : on est confronté au désert, « un désert où l'on peut aller aujourd'hui en toute sérénité », proclame Jean-Pierre Chanial qui invite fortement les auditeurs à en profiter.
Michel-Yves Labbé aime tout en Namibie, dès le début du voyage : « On y est en une nuit depuis Francfort avec Air Namibia. Il y a très peu de décalage horaire. C'est facile de circuler. Les routes sont bonnes. On n'a pas forcément besoin de 4X4 ». Jilian Queyroix met pourtant un bémol en soulignant que si on veut s'aventurer dans les pistes, il est préférable d'en avoir un pour les dunes, les cailloux...
La Namibie sur terre et dans les airs
Jilian Queyroix propose une découverte libre en mode road-trip, en conduisant soi-même ou avec un chauffeur-guide. Elle évoque aussi l'idée de l'avion privé et d'un mix entre la route et les airs. « On peut aussi faire du camping, il y a des aires parfaitement aménagées et tout à fait sécurisées », ajoute Jean-Pierre Chanial. Pour ce qui est de la durée du séjour, Jilian Queyroix conseille deux semaines, « ce qui permet de visiter le Damaraland et donc le désert de roches, la côte, le désert du Namib et le désert du Kalahari ». Si le voyageur souhaite creuser jusqu'au sud ou aller vers la frontière avec l'Angola et même une extension avec les chutes Victoria, Jilian Queyroix conseille dix-huit jours. Jean-Pierre Chanial émet cependant des doutes : « Faut-il multiplier les cibles ou se contenter de la Namibie ? » Il opte pour la seconde option qualifiant la Namibie de suffisamment dense pour un seul voyage. Pour Michel-Yves Labbé, en huit jours on peut déjà faire pas mal de choses surtout si on combine voiture et avion. « On charterise un avion. Ca se fait beaucoup là-bas car les distances sont tellement grandes. Et on gagne beaucoup de temps ».
A ce propos, Jean-Pierre Chanial partage son expérience de voyage en Namibie en avion privé : « Je tiens d'abord à préciser qu'un train de luxe devrait fonctionner à partir de 2019. En attendant, on prend des petits avions de quatre à huit places, on relie ainsi des lieux exceptionnels et quelle classe d'avoir son avion privé! » Parmi les étapes qu'il recommande : le parc d'Etosha et ses colonies de flamants roses avec la possibilité de faire des safaris sur des terres privées, puis le désert de rocailles, le Kaokoland, où l'on ne croise personne sauf des Himbas qui vivent dans cette région, « un peuple de pasteurs qui veut rester à l'écart du monde mais dont les membres sont toujours prêts à échanger, discuter », précise-t-il. Il enchaîne sur la météo, « toujours favorable », le logement en campements, « placés à des points de vue exceptionnels et où votre petit-déjeuner vaut de l'or ». Puis il revient sur ses étapes préférées dont le désert de Namib : « Là aussi, vous avez des campements, le 4X4 vous attend au pied de votre avionnette, prêt pour monter au sommet des dunes, c'est juste fabuleux ». Pourtant, il se permet une mise en garde : « la Namibie est le premier pays producteur de diamants dans le monde. Donc, attention, si à un moment elle vous dit : il y a peut-être moyen de rendre ce voyage éternel ». On perçoit les sourires des invités de Valérie Expert !
Michel-Yves Labbé revient sur le voyage en avion : « Ce qui est extraordinaire vu de haut, c'est que la Namibie est un livre de géologie à ciel ouvert. Et c'est de là, à 150 m d'altitude que l'on voit le mieux le pays : Volcans, canyons... » Il raconte aussi le survol de la « côte des squelettes », appelée ainsi à cause des épaves, restes des victimes du fort brouillard.
Jilian Queyroix évoque ensuite l'aspect financier du voyage : « On peut découvrir la Namibie sur un budget raisonnable si on fait un combiné 4X4 et avion. Et ça vaut vraiment le coup de survoler la Namibie, notamment la côte des squelettes non accessible par la route ». D'autre part, le change est avantageux, on peut utiliser le Rand sud-africain qui a chuté ces derniers temps.
Se loger
Tous s'accordent à dire qu'il existe du grand luxe dans le secteur de l'hébergement en Namibie, « même dans les campements », assure Jean-Pierre Chanial. Puis la conversation dévie sur l'histoire de ce pays, ancienne colonie allemande, où certains parlent encore l'allemand et où dans des villes comme Swakopmund ou Windhoek, on trouve des strudel dans les pâtisseries et on boit de l'excellente bière... « A Swakopmund, on se croirait dans une station balnéaire allemande avec ses maisons en bois typiques, constate Michel-Yves Labbé, d'ailleurs, on ne s'y baigne pas : l'océan est très froid, comme la mer du Nord et, à Swakopmund, il y a entre 150 et 180 jours de brouillard par an, du brouillard à couper au couteau ! »
En Namibie, les hébergements sont caractérisés par leur charme. « L'idée est de préserver la nature, d'utiliser des matériaux responsables, de ne pas perturber l'environnement », explique Jilian Queyroix. Michel-Yves Labbé, lui, mentionne l'auberge bavaroise « avec des chambres vieillottes très très amusantes ». Il mentionne aussi le camp du Damaraland proche des éléphants du désert ainsi que le Desert Rhino Camp, « une maison de confiance ».
Une terre de contrastes et de lumières
Mathieu Pujol rejoint la conversation. Il explique qu'il se rend en Namibie quatre à cinq fois par an : « Ce qui me plaît dans ce pays, ce sont les contrastes énormes entre la plaine de savane ou le pan argileux du parc d'Etosha où on va voir des éléphants blancs, des lions ou des rhinocéros différents des autres régions d'Afrique. Le contraste continue quand quelques jours plus tard on se retrouve dans le massif du Spitzkoppe puis plus au sud vers les dunes oranges ou sur la côte dans des dunes jaunes».
Valérie Expert l'interroge ensuite sur les lumières, des lumières que le photographe qualifie de légendaires en Afrique, notamment au lever et au coucher du soleil. Il mentionne aussi le vide du pays : « on est souvent seul à profiter des paysages, des étendues désertiques extraordinaires ». Il conseille aux auditeurs de ne pas essayer de « faire » la Namibie en une seule fois : « Il faut vraiment s'imprégner des lieux quitte à faire par exemple, une année le nord et une année le sud ». Il recommande aussi de se faire accompagner par quelqu'un qui connaît bien pour ne pas perdre de temps et aller directement aux plus beaux endroits. D'un point de vue photographique et technique, il suggère à ceux qui sont armés d'un bon boîtier de se munir d'un téléobjectif et d'un grand angle, « parfaits pour des prises de vue en avion ou en montgolfière ».
Un voyage qui se prépare à l'avance
Valérie Expert rebondit sur la possibilité d'accompagnement du voyageur. « A Voyageurs du Monde, on propose un accompagnement sur place avec notre conciergerie, de partir avec quelqu'un qui vit là-bas, qui connaît les bons endroits, qui peut vous assister en cas de crevaison par exemple et vous aider à réserver des restos, des événements », résume Jilian Queyroix. Elle fait également part aux autres d'un point capital : le voyage en Namibie se prépare très en avance, entre neuf et douze mois avant le départ, car les hébergements, en majorité à faible capacité et peu nombreux, sont très rapidement complets.
De l'hébergement on passe à la cuisine. Michel-Yves Labbé a décidé de partager un délicieux tuyau gastronomique avec les auditeurs : « J'ai un souvenir extraordinaire de quelque chose que j'ai mangé à Windhoek : la truffe du désert, qui pousse sur les plateaux quand il y a la saison des pluies. Il s'agit d'une truffe blanche que l'on cuisine avec des gnocchi, des pâtes... On en trouve dans tous les bons restaurants de Windhoek. Les truffes blanches ont un arôme absolument incomparable ».
La carte postale de Michel-Yves Labbé : des curiosités animale et végétale
Il emmène les invités de Valérie Expert et les auditeurs dans la bande de Caprivi au nord du pays à la rencontre d'une espèce d'éléphants rarissime, l'éléphant du désert. Il interroge ses acolytes : « Comment des éléphants peuvent-ils vivre dans le désert alors qu'ils ont besoin de tonnes d'eau tous les jours » ? Puis il répond à sa question : « Eh bien, ils s'adaptent ! Ils sont entre 100 et 600 dans le désert du Damaraland, un désert sec de chez sec ! » Ils n'auraient aucune ressemblance génétique avec leurs cousins de la savane mais quelques unes sur le plan physique : « Il sont plus efflanqués, moins replets. Ils ont des pieds plus larges, des pattes plus longues. Les mâles peuvent mesurer jusqu'à quatre mètres de haut et peser six tonnes ! Les femelles font la moitié de ces dimensions». Il parle ensuite de leur régime matriarcal. Les femelles vivent en petites bandes. La mère, la plus ancienne, mène la petite bande de sœurs, de cousines. Elle a la mémoire des plans d'eau, de la végétation et décide de la vie de la bande. Quant aux mâles, ils partent quand ils sont ados et suivent un vieux mâle qui devient leur mentor jusqu'à leurs vingt ans. Quand ils deviennent un rival pour le vieux mâle, ils doivent partir et errent jusqu'à la période de rut où ils vont retrouver les femelles. Pour trouver de l'eau, ils creusent, avec leurs pieds, leurs défenses. Ils peuvent rester trois jours sans boire et marcher 70 km d'une traite pour aller d'un point d'eau à un autre. Ils mangent ce qu'ils trouvent. Leurs régals quand la saison s'y prête : les plans de myrrhe et le fruit de marula qui les rend un peu saouls ! Ils vivraient une cinquantaine d'années.
Puis Michel-Yves Labbé fait aussi découvrir une autre curiosité, végétale cette fois : la Welwitschia Mirabilis qui doit son nom à Friedrich Welwitsch, un botaniste autrichien. « Elle vit dans le désert entre 1000 et 2000 ans et fleurit parfois une fois tous les cent ans !», raconte Michel-Yves Labbé. Constituées de deux feuilles qui s'entremêlent, les Welwitschia Mirabilis forment des buissons et sont concaves de sorte que l'eau ruisselle jusqu'à la racine. Elles donnent une fleur rarissime qui ressemble à une grosse pâquerette, très prisée par les collectionneurs. « Voilà deux exemples étonnants ! La Namibie n'a pas fini de vous surprendre... Vous allez adorer !», conclut-il avec enthousiasme.
Photographie de couverture
PAULINE CHARDIN
Photographies
UN CERCLE