Avec : Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, Jean-Pierre Chanial, écrivain, grand voyageur, Michel-Yves Labbé, président fondateur de Départ Demain.
Bien choisir son horaire
Pour Jean-François Rial, prendre l’avion à un horaire qui convient au voyageur est capital : "Si vous êtes un couche-tôt et un lève-tard ou vice versa, ça change tout. Et il faut aussi intégrer le décalage horaire". Il ajoute que si l’on sort d’une période stressante, il est nécessaire de prendre au moins une demi-journée de décompression avant de partir. Pour lui, le rythme est donc extrêmement important. Jean-Pierre Chanial partage son avis. Selon lui, il faut veiller aux contraintes locales et prendre une demi-journée de repos pour se remettre du vol et s’habituer au décalage horaire.
Réserver le plus tôt possible
Après le choix de l’horaire, il s’agit de savoir quand réserver. S’y prendre au plus tôt tombe sous le sens. "Les prix des avions et des hôtels montent en fonction du remplissage, explique Jean-François Rial, ils ne s’écroulent que dans seulement 5% des offres", précise-t-il. Michel-Yves Labbé surenchérit : "Il y a très peu de prix sur les lignes régulières, on peut d’ailleurs réserver son vol jusqu’à 364 jours à l’avance. C’est avec les charters qu’on peut faire des affaires car il faut remplir les avions".
Attention aux temps de correspondances
Autre aspect du voyage dont il faut tenir compte : les temps de correspondance entre deux vols et de marche entre les portes d’embarquement. "Il faut aussi savoir s’il y a des contrôles de sécurité intermédiaires", ajoute Jean-François Rial. Jean-Pierre Chanial donne l’exemple de Dubaï où il faut parfois marcher 45 minutes entre deux portes. Michel-Yves Labbé en profite pour conseiller de partir par l’intermédiaire d’une agence de voyage, "sinon vous êtes tout seul, perdu. Si jamais il y a un problème de météo chez Air France et si vous essayez de joindre quelqu’un, c’est galère. Si vous avez acheté votre billet avec un agent, c’est lui qui va trouver la solution"… Pour lui, "l’histoire de tout vouloir faire tout seul, c’est complètement ridicule". Jean-François Rial précise qu’un billet d’avion est devenu "quelque chose de très complexe. Si par exemple on voyage en famille, en prenant ses billets seuls, on sera sans doute tous éparpillés dans l’avion".
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Partir avec un bagage à main
Valérie Expert oriente ensuite la conversation vers les bagages. Jean-Pierre Chanial souligne l’importance de leur enregistrement jusqu’à la destination finale : "C’est vraiment une galère supplémentaire de récupérer ses bagages pour les ré-enregistrer". Jean-François Rial rebondit sur le sujet en conseillant, si possible, d’éviter de prendre des bagages enregistrés : "Vous gagnez un temps dingue, quitte à racheter quelques habits très simples sur place". Valérie Expert met pourtant un bémol : "De plus en plus de gens voyagent avec des bagages à main et on leur confisque à l’embarquement pour les mettre en soute". Ses invités rétorquent tous que c’est effectivement le cas mais sur les low cost. Jean-François Rial ne les dénigre pas pour autant : "Sur les low cost, seulement pour quelques euros de plus, on peut avoir tous les avantages d’un vol régulier. En plus, ils font assez vite pour la livraison des bagages".
Choisir son type d’avion
Michel-Yves Labbé insiste sur le fait que sur des longs courriers, "il est très important de choisir son avion". Il évoque notamment deux nouvelles générations d’avions, le Boeing 787 et l’A350, qui sont pressurisés et éclairés différemment par rapport aux générations précédentes. "Avec ces deux avions, vous arrivez à destination beaucoup moins fatigués qu’avec ceux de l’ancienne génération, même l’A380", ajoute-t-il avant de déconseiller l’A320, "c’est celui qui a le moins de places entre les sièges" ! Il en profite aussi pour avertir les auditeurs d’un "attrape-nigauds : "La "Premium Economy", que l’on paye le double de la classe "Eco" pour pas beaucoup mieux, sauf dans quelques cas particuliers comme Corsair et certains avions d’Air France ou de Singapour Airlines".
Olivier Romano
Quelques astuces
"Pourquoi ne pas tenter sa chance à l’enregistrement pour passer de la classe "Eco" à la classe "Business" car il y a des soldes de dernier moment", suggère Jean-François Rial. Michel-Yves Labbé en profite pour révéler une de ses astuces : "Si vous êtes dans un avion avec 3 fois 3 places et que vous êtes deux, prenez par exemple les places A et C, il y a de grandes chances que la B reste vide car les gens n’aiment pas les places du milieu. Du coup, vous aurez plus de place".
Bien choisir son hôtel
En plus des brochures et d’internet, Jean-Pierre Chanial conseille de s’inspirer des réseaux sociaux, de faire une "moyenne valeur entre les insultes et les louanges, et de regarder les différentes catégories de chambres car dans un hôtel on peut avoir le meilleur comme le pire". Jean-François Rial, lui, ne regarde jamais les avis des voyageurs sur les réseaux sociaux : "Je n’ai pas la même sensibilité que ces gens-là et je pense qu’un bon conseiller voyage est indispensable". Michel-Yves Labbé déconseille également les réseaux sociaux dans lesquels il estime qu’il y a trop de choses, "qu’on s’y noie". Il met aussi en garde sur les fausses évaluations et les avis de complaisance.
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Préparer sa valise
"Il faut toujours commencer par photocopier les deux premières pages de son passeport, vous le gardez sur vous et vous mettez les copies dans votre valise", recommande Jean-Pierre Chanial qui suggère de bien noter aussi le numéro d’appel en cas de vol ou de perte de sa carte bancaire. Pour voyager léger, il préconise de photocopier les pages du guide qui concernent l’endroit où le voyageur veut aller, de prévoir une paire de lunettes en double, et une mini-trousse à pharmacie. A propos, Valérie Expert et ses invités sont tous d’accord pour y inclure des médicaments de base tels que le doliprane, l’intétrix et l’ercéfuryl. Jean-Pierre Chanial rappelle aussi que dans chaque pays, l’ambassade de France est à même de mettre les voyageurs malades en contact avec un médecin compétent. Jean-François Rial insiste sur le fait qu’avec Voyageurs du Monde, les concierges sont là pour s’occuper de tout en cas de problème. Michel-Yves Labbé donne un conseil : celui de ne jamais mettre ses clés dans sa valise "car si la valise n’arrive pas, vous ne rentrez pas chez vous" ! Jean-Pierre Chanial revient sur les basiques comme les chargeurs et les adaptateurs. Il précise aussi que les règles changent selon les pays : "On peut emmener un mini-couteau suisse en cabine en France mais pas aux Etats-Unis".
Argent et téléphone
Partir avec une centaine d’euros ou de dollars en espèces suffit, selon Jean-Pierre Chanial. Jean-François Rial ajoute qu’aujourd’hui, les cartes de crédit sont utilisables dans tous les pays, tout comme les euros ou les dollars. "Il est aussi nécessaire de prévenir son banquier d’augmenter le plafond de sa carte bancaire avant de partir", prévient Michel-Yves Labbé. Quant au téléphone, "il faut supprimer l’itinérance", reprend Jean-Pierre Chanial. Il précise d’ailleurs qu’en plus de l’Europe, le roaming est désormais gratuit aux Etats-Unis.
Fiona Torre
A l’aéroport
Les invités de Valérie Expert partagent le même avis : il faut arriver deux heures avant le départ quand on prend un long courrier. Pour se rendre à l’aéroport, ils préconisent un VTC ou une navette. Jean-Pierre Chanial déconseille la voiture à cause des prix des parkings. Quant au fast track, Jean-François Rial le recommande vivement "car on gagne un temps fou". Au retour, le Duty Free peut toujours être avantageux pour certains produits comme l’alcool par exemple. Quant aux salons business, "ce ne sont pas toujours des bons plans, révèle Jean-François Rial, il y en a qui sont payants mais qui sont nuls". L’option salon dépend aussi du temps qu’on a à passer dans l’aéroport.
Dans l’avion
Une fois à bord, Jean-François Rial conseille d’essayer de dormir le plus possible sur les longues distances et d’éviter les plateaux repas "qui de toute façon ne sont jamais bons". Le masque de sommeil et les bouchons d’oreille sont donc des accessoires indispensables. "N’oubliez pas votre doudoune sans manches quand il fait un peu frais", ajoute Jean-Pierre Chanial. Michel-Yves Labbé déconseille l’alcool à bord : "Il vaut mieux boire beaucoup d’eau et manger avant de prendre l’avion".
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Le décalage horaire, ça se prépare…
Jean-François Rial en est persuadé : "Le décalage horaire se prépare avant le départ. Si je pars vers l’ouest, trois ou quatre jours à l’avance, je me couche et je me lève de plus en plus tard. Et quand je suis sur place, j’accepte d’être décalé de quelques heures par rapport à la vie locale". Valérie Expert évoque la mélatonine qui marche pour certaines personnes. Jean-Pierre Chanial constate que le décalage horaire est toujours plus facile vers l’ouest : "A New York par exemple, en arrivant, il ne faut surtout pas se coucher mais tenir jusqu’à minuit. De plus il existe une règle d’or : tout de suite se mettre à l’heure locale". Pour l’est, Jean-François Rial révèle que sa technique du morcelage fonctionne aussi et qu’en cas de décalage horaire important, il est bon de faire une escale dans un endroit intéressant.
A l’arrivée
"Prendre une voiture de location dès l’arrivée à l’aéroport avec la fatigue du vol, la galère de récupérer les bagages, c’est un très mauvais plan", confie Jean-François Rial. Il poursuit : "On prend un transfert, on va à l’hôtel, on se repose et on va ensuite à l’agence récupérer la voiture de location. Encore mieux : on se la fait amener à l’hôtel si on a une bonne agence de voyage". Pour Jean-Pierre Chanial, enchaîner arrivée et récupération du véhicule, "c’est aussi sous-estimer la difficulté de prendre une automobile dans un pays où on ne connaît rien". En ce qui concerne les taxis, les invités de Valérie Expert sont d’accord pour dire qu’il n’y pas à s’inquiéter, qu’il n’y a pas plus d’arnaques qu’en France. Jean-François Rial glisse ensuite une petite astuce, celle de préparer au minimum son arrivée en sachant par exemple dans quel bon restaurant aller le premier soir de son voyage, "plutôt que de se retrouver dans un truc miteux et de ne pas être d’accord avec son entourage". Il conseille aussi de se laisser le temps de flâner et de se reposer avant de "consommer des activités".
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A l’hôtel
Attention aux check in qui peuvent être longs et pénibles. "Le mieux est de passer par Voyageurs du Monde car on file directement dans sa chambre", assure Jean-François Rial. "Pourtant les cinq premières minutes passées dans un établissement sont décisives pour l’appréciation du lieu, mais apparemment les hôteliers n’ont toujours pas compris, surtout aux Etats-Unis", se lamente Jean-Pierre Chanial en ajoutant qu’il ne faut jamais confier ses bagages au service de bagagerie "car on peut les attendre une ou deux heures"… Michel-Yves Labbé revient sur le check in : "C’est un système de process américain. Ils font tout pour s’assurer que vous allez payer à la fin, en plus ils ont besoin de vos data". Il déplore ensuite que ce système s’étende à d’autres pays. A propos des Etats-Unis, Valérie Expert et ses invités mettent en garde sur les prix exorbitants des petits déjeuners dans les hôtels et conseillent de ne pas les inclure dans la réservation. Michel-Yves Labbé confie une autre astuce : "Ne laissez pas votre carte de crédit pour les extras quand vous faites votre check in à l’hôtel car on risque de vous débiter deux fois. Laissez du cash à la place, disons 200 dollars, et le lendemain vous récupérez votre cash avec une facture à zéro. Même si vous laissez votre carte, repartez toujours avec une facture à zéro".
Astuces pendant le séjour
"Ce qui est crucial, c’est de prévoir tout ce qui va vous déranger dans votre rythme", rappelle Jean-François Rial. Valérie Expert préconise les horaires décalés pour les visites et de se renseigner pour savoir quand il y a le moins de monde, "par exemple dans les villes où il y a des croisières, il faut toujours se balader l’après-midi car les excursions des croisiéristes se déroulent le matin", enchaîne Michel-Yves Labbé. Jean-Pierre Chanial met en garde contre la contrefaçon qui alimente des réseaux de marché noir…
Olivier Metzger
La carte postale "coup de gueule" de Michel-Yves Labbé
Difficile de voyager malin quand certains aéroports mettent des bâtons dans les roues des voyageurs. Celui de Nice Côte d’Azur contrarie particulièrement Michel-Yves Labbé : "ça commence avec le parking, on vous incite vivement à réserver votre place par internet mais ce système "ne marche pas" pendant les périodes de pointe. On vous fait croire que c’est complet - alors qu’il y a des centaines de places libres - pour vous vendre les places plus chères". Il parle ensuite de l’entrée "unique et tout au bout de l’aéroport qui oblige à traverser toute une zone de Duty Free. Du coup, ça crée des files d’attente impossibles". Il poursuit avec ironie que par miracle on peut s’en affranchir avec le "coupe file" à 15 € : "En gros, il s’agit de payer pour la défaillance organisée de l’aéroport. Moi, ça me dépasse. C’est comme si un plombier venait vous poser des joints pourris et qu’il vous demandait un supplément pour des joints étanches"… Et ce genre de pratiques qu’il qualifie de "combines foireuses pour gagner plus" commencent à gagner d’autres aéroports comme celui de Marseille et risquent d’atteindre Roissy si ce dernier finit par être privatisé. "Et là, vous n’allez pas du tout adorer", conclue-t-il, contrarié.
Photographie de couverture
PAULINE CHARDIN