Italie

Visiter la côte Amalfitaine : de villages escarpés en spiagge de rêve

Visiter la côte Amalfitaine : de villages escarpés en spiagge de rêve

Falaises escarpées, vergers de citronniers et villages dressés au-dessus de la Grande Bleue, la Côte Amalfitaine est un splendide littoral à vivre en suspension et hors-saison.

 

La route de corniche surplombe un bleu infini. Saupoudrés dans le paysage, des villages à l'architecture arabo-sicilienne s'accrochent à la roche. En contrebas : la mer Tyrrhénienne dentelée de criques ébouriffées de garrigue. Sorrente. Un village qui met les citronniers en bouteille. "Limoncello, granita di lemone" : la douceur acidulée déteint sur les couleurs des façades qui coulent jusqu'au port. Les hauteurs du village sont coiffées de vergers d'agrumes et de jardins exubérants. Foisonnement de mimosas, fougères, cactus, palmiers... Parfums de myrte et de genêts.

Depuis plus de mille cinq cents ans, les hommes se sont installés dans cette région escarpée, aux portes de Naples, malgré la proximité du Vésuve (qui s'est réveillé pour la dernière fois en 1944). Un entêtement à vivre sur une terre suspendue entre ciel et mer, lié à sa fertilité exceptionnelle. Pied de nez au destin et à la verticalité, encouragé par un climat qui invite à prendre racine. L'éden doit tout à sa situation imprenable, en lévitation permanente au-dessus du golfe de Salerne. Un perchoir d'où le soleil se croque dès les premiers rayons pointant derrière le Vésuve et jusqu'au soir, lorsqu'il plonge derrière Capri. Entre-temps, les pierres du Duomo chuchotent des siècles d'histoire...

Au XIXe siècle, l'ouverture d'une route-travail herculéen arraché à la montagne et au vide-surligne cette côte dans la cartographie des voyageurs esthètes. Le succès va crescendo. Aujourd'hui, la circulation estivale n'a plus grand-chose à envier aux rues de Naples... Mais au printemps, la route offre un précieux spectacle. Il faut se laisser glisser jusqu'à Positano, paisible village de pêcheurs qui sous la République d'Amalfi (IX-XIe siècles) disputait à Venise le rôle de premier port commercial d'Europe.

Façade architecture côte Amalfitaine

Lucy Laucht

 

Positano, touché par la grâce

Dégringolades de façades pastel rejoignant la mer Tyrrhénienne, palais du XVIIIe et toujours ces jardins en terrasse, composent une poésie qui au siècle dernier séduisit de nombreux artistes et intellectuels. Pablo Picasso, Paul Klee, Jean Cocteau, Tennessee Williams, Alberto Moravia, parmi d'autres, (re)posèrent leurs regards sur ce balcon enchanté : "Positano laisse une morsure profonde. C'est un lieu de rêve qui ne semble pas réel lorsque vous y êtes et se rappelle à vous de manière intensément vivace lorsque vous en êtes partis", écrit John Steinbeck à qui Moravia avait conseillé ce refuge pour échapper à la chaleur de Rome.

Touchées par la grâce, les hauteurs de Positano abritent également le "sentier des dieux" (de Bomerano à Nocelle) sur lequel les maitres de l'Olympe se laissaient bercer par le chant des sirènes. Une balade mythique et réellement époustouflante, l'impression de marcher dans le ciel du golfe de Salerne. La péninsule abrite bien d'autres trésors miniatures: les villages de Nerano Cantone, Marina del Cantone, l'ile de Procida (belle raison de caboter toute une journée), l'archipel Li Galli - refuge d'Ulysse et de Noureev.

Bord de mer côte Amalfitaine

Peter Rigaud/LAIF-REA

 

Les perles Praiano, Amalfi et Ravello

Autre perle amalfitaine : Praiano. Loin des projecteurs braqués sur Positano, le village vit paisiblement sous les bougainvilliers et l'effluve des fleurs d'orangers. L'église San Gennaro, bâtie au XVIe siècle, abrite le sommet d'un escalier qui descend droit à la "spiaggia" - quintessence de la plage italienne - parasols et baignades émeraude dans la journée, frutti di mare et sérénade du ressac au clair de lune.

Au matin, s'envoler à nouveau et, aimanté à cette route suspendue, filer jusqu'à Amalfi. Fondée par les Romains en fuite après la chute de l'Empire, la ville blanche est le cœur culturel de la côte. Les murs de la première république maritime d'Italie racontent le faste d'un passé bigarré. L'ancien arsenal témoigne de la puissance maritime, le style byzantin du Duomo, sa porte en bronze fondue à Constantinople, les galeries du cloître signent des siècles d'échanges avec l'Orient.

Enfin, reprendre cette partition entre la mer et les hauteurs, grimper au-dessus de l'agitation du monde et rejoindre Ravello, nid d'aigle perçant à travers la brume marine et les pins parasols. Là, sur un éperon plongeant dans le bleu, suivre la course des étoiles et celles déjà passées par là (Bacall, Bogart, Capote, Lawrence, Gide...). Une mélodie résonne entre les murs de la Villa Rufolo, hommage à Richard Wagner qui, en 1880 déjà, avait trouvé réunis en ce jardin italien, l'inspiration et le Saint-Graal végétal.

Plage côte Amalfitaine

Lucy Laucht

 

In the mood

La Côte Amalfitaine est un balcon sur la mer composé de criques, plages et terrasses, cultivé d'agrumes, de vignes et d'oliviers. Une route côtière, la plus spectaculaire du pays, navigue entre les villages de pêcheurs à flanc de falaise... Tels Positano, son atmosphère bohème et son très chic et mythique beach-club Da Adolfo ; Praiano, ses criques tranquilles et le restaurant Da Armandino qui sert les meilleures linguine alle vongole ; Amalfi, où la lumière de fin d'après-midi est une merveille ; ou Ravello, perchée à 350 mètres d'altitude, dont les jardins en terrasse se fondent au bleu intense de la Méditerranée. Les journées se passent à bord d'un Gozzo Sorrentino, bateau typique de Sorrente, avec escales vers Capri, la Villa Malaparte et les îlots Li Galli, ancienne propriété du danseur russe Noureïev. Enfin, coucher de soleil sur les terrasses du Sirenuse, pour siroter un verre de Limoncello.

Plage parasols côte Amalfitaine

Lucy Laucht

 

Photographie de couverture : Terence Connors