Les photographes Maud Chalard et Théo Gosselin ont parcouru 18 000 kilomètres entre l’État de New York et celui de la Californie. Tous les deux 25 ans, ils rêvent de photo, de voyage et de liberté. Voyageurs du Monde leur a donné carte blanche. Leur portfolio est dédié à un personnage imaginaire baptisé “Joe”.
“J’inhale l’espace à pleins poumons,
l’est et l’ouest sont miens, le nord et le sud sont miens.
Je suis plus vaste et meilleur que je pensais,
J’ignorais contenir tant de bonté.
Tout me semble beau….”
Walt Whitman
Voyageurs du Monde : où alliez vous ? D’où veniez-vous ?
Maud Chalard : nous sommes partis de Paris et avons pris un avion pour Montréal. Une fois sur place, nous avons acheté un van qui faisait office de “maison cocon” et sommes partis sur les routes. De Montréal puis l’État de New York, la Pennsylvanie, le Kentucky, le Tennessee, l’Arkansas, le Texas, le Nouveau Mexique, le Colorado, le Wyoming, le Montana, l’Idaho, l’État de Washington et la Californie où nous avons pris notre vol de retour. Nous n’avions pas d’itinéraire tout tracé, juste un trajet de base pour pouvoir être libres et découvrir des endroits inattendus. Nous sommes passés le plus possible par les petites routes.
Le roadtrip est un thème récurrent dans l’histoire de la photographie.
Quelles sont vos références ?
Nous n’avons pas une gigantesque culture photo mais des gens comme Mike Brodie, Larry Clark, Nan Goldin sont des photographes que l’on admire. L’inspiration vient plus du cinéma et de films indépendants américains et de la musique. Nos photos sont comme un arrêt sur image du film de notre vie.
C’est une histoire pleine de sons, de mouvements, de rencontres. Des gens comme Gus van Sant, Larry Clark (toujours) Rebecca Thomas, Evan Glodell... bercent nos journées avec des films forts, des histoires simples, un univers américain décalé où l’on joue parfaitement avec les clichés pour donner une atmosphère visuelle et sonore.
Quelle est votre façon de voyager ? Comment a t-elle inspiré vos photos et vos cadres ?
Pour ce voyage, nous dormions dans notre van ou chez des gens que l’on rencontrait et dans quelques motels pour se reposer et se doucher sans aucune contrainte. Notre façon de voyager a été assez simple : rouler, s’arrêter, faire du feu, dormir... Cela a beaucoup inspiré nos cadres. L’intérieur du van était assez petit et l’extérieur lui, immense et sans limites. On a joué sur l’intimité intérieure et l’infini extérieur. L’idée était aussi de rencontrer un maximum de personnes. Lorsque nous étions à proximité d’une grande ville, nous mettions un statut sur des réseaux sociaux et allions passer du temps avec de nouvelles personnes. Cette liberté doit se ressentir dans nos photos. Il nous suffisait de capturer tous ces moments, sans trop se soucier du cadre, juste se laisser guider par l’instinct et le moment présent.
Vous mélangez argentique et numérique. Pourquoi ?
Ils ont tout les deux leurs qualités et leurs défauts. Le numérique permet de faire des merveilles en basse lumière et d’avoir une puissance de feu illimitée. L’argentique nous donne des images superbes et un piqué extraordinaire, une texture et un univers très prononcé.
Comment nommeriez-vous votre sélection de photos ?
“Joe’s road”. C’est un prénom qu’on aime particulièrement et qui laisse la place à l’imagination, au rêve et au voyage.
Photographies
MAUD CHALARD & THEO GOSSELIN