À quoi bon voyager ? Face à la croissance exponentielle du tourisme (près de 5% annuels), on est en droit de se poser la question. Lorsqu’un milliard et demi de voyageurs parcourent le monde en 2017 (2 milliards à l’horizon 2023), cela n’est pas sans conséquences, écologiques d’abord comme l’évoquait l’édito du dernier numéro de Vacance, mais aussi pour les populations locales qui s’en agacent de plus en plus. Pour autant, les premiers concernés, ce sont nous, les voyageurs, car se retrouver au milieu d’une cohue pour apprécier un tableau dans un musée ou sur un site naturel est en réalité incongru. Alors comment faire ?
Il va falloir apprendre à voyager à contre-courant
Mission loin d’être impossible lorsque l’on sait que 95% des voyageurs mondiaux se rendent tous aux mêmes endroits, sur moins de 5% de la planète. Qui va à Alger comme nous le suggérons dans notre dernier numéro de Vacance ? Qui choisit le Salento, sublime région méridionale d’Italie, quand tout le monde s’entasse à Venise ou sur la côte Amalfitaine ? Qui s’aventure à Détroit plutôt qu’à San Francisco ou à New York ?
Oliver Soulas/LAIF-REA
La méthode est pourtant simple
Il s’agit tout d’abord de bien sélectionner ses destinations, en privilégiant celles qui sont boudées. Un exemple : la Birmanie, sans doute le plus beau pays d’Asie, extrêmement demandée il y a quatre ans à peine et aujourd’hui désertée ! Autre cas d’école : le Kenya, chef-d’œuvre de paysages africains, considéré à tort comme une destination de tourisme de masse. Résultat, la grande majorité des voyageurs privilégie la Tanzanie, qui du coup sature. Autre bon réflexe à adopter : se tourner vers les “Tours Eiffel” du monde entier… mais en choisissant la bonne heure, le bon jour et en privé lorsque cela est possible. Nos conseillers sauront toujours vous dire comment.
Enfin, il suffit parfois d’aller à l’encontre des saisons. Le début du mois de décembre, la fin janvier ou encore le beau mois de juin sont des périodes oubliées par la plupart des voyageurs. Certes, pour les familles le timing n’est pas toujours propice au départ, mais faites exception à la règle, et lorsque c’est inévitable, reportez-vous sur les destinations délaissées (à tort), évoquées plus haut.
En résumé, bien sûr qu’il est bon de voyager… à condition de voyager malin, à contretemps, en utilisant toutes les voies possibles, car, en sus de la tranquillité propice à une approche réelle du pays, cette solution sera la plus économique.
Ne pas se contenter de suivre les tendances, défricher un monde encore si vaste, partager nos découvertes, c’est aussi le rôle de notre magazine Vacance. Notre magazine joue les éclaireurs au Nicaragua et au Groenland, belle illustration de cette théorie des 5% qui consiste à faire rimer voyager et oser.
Par
JEAN-FRANÇOIS RIAL
PDG de Voyageurs du Monde
Photographie de couverture
JULIETTE ROBERT/HAYTHAM-REA