L’éclosion d’une nouvelle génération d’hôtels en Baja California a donné des ailes aux fondateurs d'Acre, nouvelle escale ô combien inspirante nichée dans les dunes “green” de San José del Cabo. Aux rendez-vous des créateurs et créatures, à l’abri du brouhaha des grandes enseignes, le dernier repaire à connaître pour poser son surf.
Au-dessus de l’entrée de l’Acre Baja, nouvel éden de cette West Coast Latina en pleine effervescence, des palmiers arborent leur panache de palmes au bout d’un tronc gracile. Ils semblent essuyer le bleu du ciel. En bas, les cactus cierges sont autant de gourdes oblongues, hérissées d’épingles. Nous sommes au Mexique, tout au sud de la péninsule de Basse-Californie, à San José del Cabo. Pas dans la zona hotelera, mais de l’autre côté de l’estuaire, au milieu de ces néo-fermes écologiques, nées de l’air du temps et d’une ambition raisonnée. C’est en tout cas ce que revendiquent les initiateurs du projet Acre Baja, deux entrepreneurs de Vancouver, chics et smart, Cameron Watt et Stuart McPherson : un hédonisme créatif, respectueux non seulement de l’environnement mais aussi de cette philosophie “Endless Summer”, qui a éclos sur les plages américaines avant de gagner dans les années 1970 le sud de la Baja California, refuge des surfeurs radicaux. Milieu semi-désertique, rouleaux costauds, longboards et liberté bleue. Si les choses ont un peu évolué depuis, l’esprit “no surrender” demeure. Pas mieux que l’Acre Baja pour en savourer la résurgence contemporaine.
Ça donne du frais et de l’ombre, le vent porte des odeurs de sel et de feuilles sur la terre écrue. Le lobby fait corps avec des abords sans fioritures : une netteté d’épure, ferme, graphique (bâtiment à faible impact du studio FabriKG). Les parties communes conservent une sobre tenue fonctionnaliste contrastant avec la légèreté, et la porosité aux éléments des douze treehouses cubiques installées dans le jardin depuis l’an dernier. Car, pour atteindre son nid, on grimpe un peu. À hauteur de chlorophylle. Là, l’air et le soleil sont plus légers. Ils traversent les écrans végétaux qui définissent, avec un mobilier de peu d’encombrement, le périmètre de chacun. Matin et soir, la lumière fait de la chambre une lanterne magique. On a sa terrasse pour les heures douces, une douche extérieure, un grand lit (couvert de draps de lin des artisans d’Oaxaca), protégé autant que mis en scène par une légère moustiquaire.
Une fluidité qui répond aux valeurs de la maison : transparence, naturel, sens esthétique, candeur. Cela, on le retrouve sur les tables à pieds fins du restaurant “farm to table” (dont l’ouverture a précédé celle de l’hôtel). Les fermes des alentours, les pêcheurs et les saisons fournissent au chef Kevin Luzande les matières et les saveurs élémentaires, qu’une imagination globale lui fait sublimer. Des plats que critiques et convives ont signalés à l’attention des amateurs éclairés. Au bar, l’art de la mixologiste Danielle Tatarin fait des miracles à partir de l’arôme musqué du mezcal. On emporte son verre au bord de la piscine, un beau bassin où nager vraiment et auprès duquel lézarder comme un iguane. Si l’eau douce et la chaise longue ne suffisent pas à assurer tout à fait l’équilibre psychophysique des hôtes, ces derniers prennent part à la cueillette des herbes aromatiques. Ou aux leçons de yoga, dispensées par un professeur qualifié. L’harmonisation devrait alors trouver son point d’équilibre. Condition excellente pour tenter quelques explorations vers le nord, dans la Sierra de la Laguna, pour observer les oiseaux dans les roselières de l’estuaire. Avant de regagner son “home sweet home” dans les arbres.
3/4 jours en plus
La Baja California se conjugue parfaitement avec un séjour à Mexico, pour profiter de la scène culturelle, de la nouvelle movida gastronomique et des galeries d’art contemporain.
BULLER - VOGUER - GAMBADER
Top secret
La playa Buena Vista, loin des foules, est la plage à connaître : facile de s’y baigner, dans un paysage de toute beauté à trente minutes de voiture de l’hôtel.
Sur mon île
Idéale pour s’évader une journée : l’île Espíritu Santo, dans le golfe de Californie. Superbe végétation et sa faune marine spectaculaire.
Bain de nature
La Sierra de la Laguna, réserve naturelle, offre de très belles cascades où l’on peut également se baigner. À noter pour une journée de randonnée au vert.
Par
EMMANUEL BOUTAN
Photographies
GINA & RYAN PHOTOGRAPHY