Avant-garde des sommets, les Préalpes savoyardes se reflètent dans des lacs au bleu irréel. Des lagons des hauteurs aux rives sauvages où des cités énergiques allient air pur et douceur de vivre.
Ambassadrice élégante de l’art de vivre lacustre, Annecy étend au nord du lac son patrimoine romanesque. Sur le Thiou, canal bleu-vert, de petits ponts romantiques jouent à saute-mouton. Celui des Amours fait chavirer les cœurs. Sur l’herbe du Pâquier, esplanade installée sur d’anciens pâturages, cyclistes, cygnes, skateboards et pique-niqueurs partagent les mêmes privilèges : l’air pur, attraction séculaire, et la vue, majestueuse, sur les Dents de Lanfon. L’automne voit descendre des alpages les brebis qui tintinnabulent jusqu’à la rue Royale. À l’orée d’Annecy-le-Vieux, cité originelle, l’Impérial Palace renvoie aux fastes de la Belle Époque. Napoléon III et Eugénie virent en 1860 la première Fête du Lac, qui bat toujours son plein.
L’été, on projette grands classiques et révélations dans la cour du château lors du Festival international du film d’animation. À quelques lacets des pistes de ski alpin, on fait du ski nautique sur le lac glaciaire. Les rayons du soleil réchauffent jusqu’à tard la rive orientale où le Roc de Chère promet l’un des plus beaux panoramas du coin. À Talloires, quelques VIP ont accroché leurs maisons aux pré-alpages de la Tournette, se glissant habilement entre les arbres. Les chanceux et épicuriens de passage sont traités avec diligence par une hôtellerie ra½née et des chefs étoilés. Repérable à son toit orange et sa façade lumineuse, l’abbaye de Talloires a depuis la fin du XIXe siècle renoué avec la tradition hospitalière. Paul Cézanne, tombé amoureux de cette baie picturale, la grava à l’huile dans Le Lac bleu (1896).
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Plages de sable et eau à 26°C, de l’autre côté des Bauges, la vie aurait presque une saveur balnéaire au bord du Bourget, plus grand lac naturel de France. À Aix-les-Bains, on respire au rythme du thermalisme depuis l’Antiquité. Malgré l’ombre de Lamartine qui plane encore sur la ville, le temps n’a pas suspendu son vol. Des établissements modernes ont remplacé les thermes romains et, avec l’affluence des curistes, la ville s’est dotée d’ostentatoires palaces et casinos. Des bains et des jeux. De la musique, aussi – le festival Musilac invite chaque été de beaux noms au bord de l’eau. On danse sur les paddles, on chante à bord des kayaks.
Photographie de couverture : Faustine Poidevin