Derrière la carte postale d’une crique turquoise bordée de pins se cachent bien d’autres secrets. Montagnes et rivières, villages perchés, cités historiques et bien vivantes : du nord au sud, un voyage itinérant permet de mieux apprivoiser l’île de Beauté.
Installé à l’ombre d’un olivier centenaire, difficile d’abandonner le patio du palazzu. Le parfum des cèdres du Liban et celui des tilleuls des Caraïbes s’entrechoquent au-dessus de la fontaine comme pour annoncer cette terre suspendue entre ciel et mer. Le Cap Corse, une épine rocheuse transperçant la Méditerranée. Téméraire comme une route de corniche, douce comme ce hameau de Brando. Pourtant ce serait un affront de ne pas explorer la pointe nord sur le sentier douanier, glisser à pic vers la petite marine de Centuri avant de remonter à l’assaut du village en nid d’aigle de Nonza. Là, depuis l’emblématique tour génoise, contempler l’élégance sauvage de la plage de galets gris tranchant avec la mer turquoise et y plonger. Puis rejoindre Saint-Florent, goûter un brin de célébrité avant de reprendre le maquis du spectaculaire désert des Agriates, pour enfin se rafraîchir à l’eau translucide de Saleccia. Alors opter pour la sainte Balagne, les villages côtiers de Corbara, Pigna, Lumio puis céder au charme baroque et festif de Calvi, à une nuit dans une demeure génoise du XVIIIe. Autre option : abandonner la Grande Bleue et prendre de la hauteur. Grimper jusqu’à Corte, sous les plus hauts sommets de l’île, pour une nuit à la fraîcheur des châtaigneraies sur les rives de la Restonica. Le lendemain matin, dégringoler ces gorges, s’offrir une pause avec les cochons sauvages (les remercier pour le figatellu, la coppa et le lonzu) puis un bain dans une marmite.
Marie Genel/Picturetank
Alors doucement, basculer vers l’ouest, sur un fil d’asphalte serpentant jusqu’à la mer et Porto. Pour la première fois depuis longtemps, regarder sa montre ou simplement le soleil, afin d’être aux premières loges d’un spectacle grandiose classé au patrimoine mondial de l’UNESCO : les calanques de Piana au couchant. Défilé de roches écarlates tombant dans un golfe profond avec toujours l’impression au volant, de passer dans le chas de ces aiguilles granitiques. Une fois l’émotion retombée, suivre la même note safranée depuis une terrasse de Piana, autour d’une langouste locale sur fond de golfe de Porto. Laisser filer son regard loin, comme demain son kayak dans la Réserve Naturelle de Scandola. En route vers le Sud, faire un arrêt en Grèce, à Cargèse, paisible bourg dont l’une des deux églises marque la présence au XIXe siècle d’une colonie d’immigrants du Péloponnèse sans doute familiarisés par la douceur des lumières et la couleur de l’eau.
Après une énième randonnée palmée dans le golfe translucide de Sagone, rejoindre la ville impériale d’Ajaccio. Se mettre au diapason de cette cité vivant été comme hiver, en commençant par prendre son pouls au petit matin sur le marché puis autour d’un café sur le cour Napoléon. Enfin, après un passage par l’impressionnant musée Fesch, suivre les Ajacciens sur la route des Sanguinaires, vers l’une de leurs criques cachées. Là, face aux îles et en écho à cette nuit passée au palazzu Carpe Diem : savourer chaque instant de cette dernière journée, de la visite surprise des dauphins, au dîner sous la paillote.